Charles Stankievech : Perturbations nordiques
Arts visuels

Charles Stankievech : Perturbations nordiques

Avec Les Nords magnétiques, Charles Stankievech nous soumet au pouvoir déstabilisant du Grand Nord. Avec des pièces de Buckminster Fuller, Michael Snow, Joyce Wieland…

Le Grand Nord peut faire fantasmer. Mais ce n’est pas une région qui se laisse facilement récupérer, l’une de celles qui permettent de faire croire à une identité stable, ancrée dans le territoire, comme cela a pu être le cas avec le paysage montagneux et forestier pour le Groupe des Sept et l’identité canadienne. Le Grand Nord résiste. Il est, avec le pôle Sud, la zone qui semble poser le plus de problèmes aux cartographes. Il peut vite devenir une zone de perte de repères et de dérèglements. Ce n’est pas un hasard si c’est là que s’est perdu le monstre créé par Frankenstein. Là aussi que se sont égarés un grand nombre d’explorateurs, mais aussi là que se trouvent déroutées bien des balises, se développent des troubles électromagnétiques et même des disputes territoriales…

Avec un pareil sujet, la table était mise pour une exposition remettant en question bien des conventions. Surtout si nous tenons compte du commentaire du commissaire de l’exposition, Charles Stankievech, qui a voulu voir "dans le cube blanc de la galerie comme un substitut au paysage minimaliste du sublime arctique". Cette exposition recèle d’ailleurs bien des pièces étranges et hors de l’ordinaire. Pourtant, l’ensemble n’arrive pas à nous convaincre du pouvoir de "resémantisation" du magnétisme du Grand Nord. Ce qui est certainement dû au fait que ce sujet aurait demandé une démonstration plus complexe, avec plus de pièces et plus d’espaces… Devant certaines oeuvres, nous restons sur notre faim. Nous aurions aimé que chacune fasse l’objet d’une présentation plus détaillée.

Le volet audio est certainement celui qui conteste le plus les normes, celui qui crée le mieux le sentiment d’une spatialité renouvelée. On y entend bon nombre d’expériences sonores déstructurées de Michael Snow, Tim Hecker, Akufen, Alvin Lucier, Black Cat Systems

Une série de projections de films accompagne cette présentation. Signalons que le 14 mars, au cinéma de Sève (1400, boulevard De Maisonneuve Ouest), sera présenté Picture of Light de Peter Mettler, qui traite des aurores boréales.

À voir si vous aimez /
Guido van der Werve, présenté à la Fondation DHC/ART l’automne dernier