Mathieu Valade : Cercle de fumée sans feu
Arts visuels

Mathieu Valade : Cercle de fumée sans feu

La galerie de l’UQAC reçoit Mathieu Valade, qui présente une sculpture faite d’une matière plus courante dans les concerts rock que dans les salles d’exposition…

Rencontré en plein montage à la galerie L’OEuvre de l’Autre, Mathieu Valade lance à brûle-pourpoint: "C’est un pari, je voulais voir si ça allait marcher!" Il parlait de l’installation La Souplesse des fondements présentement exposée. Le défi semblait alors en bonne voie d’être relevé. On retrouve dans son travail une dimension de jeu et une touche d’humour particulier qui rendent ses oeuvres tout à fait rafraîchissantes.

Dépouillée, simple, minimale, la proposition de Valade consiste en un cercle rempli de fumée. Un sol surélevé recouvre le plancher, avec un grand trou de forme circulaire où l’artiste entend maintenir une masse de fumée générée par une machine. Ce n’est pas la première fois que ce dernier crée avec une matière des plus inconsistantes. À titre d’exemple, son oeuvre L’art c’est du vent, un mur de bois volumineux qui laisse passer un courant d’air à travers le mot Art, découpé sur une des faces. Valade utilise cette sculpture pour aider à saisir sa démarche générale: "La personne qui se met devant l’oeuvre a tout de suite un frisson, elle est touchée par quelque chose d’invisible. Quand on est devant une oeuvre, il se passe quelque chose. J’essaie de mettre en images ces phénomènes-là, qui agissent mais qui sont impalpables." La relation à l’oeuvre mise en avant passe donc par une tension entre la personne et la matérialité/immatérialité. Pour favoriser le charme, l’artiste cache, mais ne cache pas tout. Il fait disparaître le dispositif technique et laisse le sol construit de contre-plaqué et de vis à l’état brut. Comme si la magie jaillissait d’une matière commune.

"Ça se passe dans l’expérience, dans la contemplation", estime-t-il. "D’habitude, dans mes expositions, il faut découvrir, ouvrir quelque chose, contourner, se pencher… C’est une des premières fois que la personne entre et que tout est montré." Visant un résultat magique, il passe lui-même par un processus essentiellement technique consistant à résoudre des problèmes. Une idée qui semble simple peut demander plusieurs ajustements en cours de réalisation. Afin de préserver l’équilibre fragile de l’oeuvre de fumée, les visiteurs sont priés de respecter quelques règles. Le nombre de personnes dans la salle est limité, ce qui augmente sans doute le côté apaisant de l’expérience.

À voir si vous aimez /
Olafur Eliasson, les machines à fumée