Cooke-Sasseville : Par ici la recette!
Arts visuels

Cooke-Sasseville : Par ici la recette!

Le duo Cooke-Sasseville nous offre une critique d’un marché de l’art international qui semble perdre les pédales. Contre le clinquant qui se veut brillant.

Comment fonctionne l’amour de l’art dans les médias et dans la société en général? Juge-t-on toujours de l’intelligence du propos que l’oeuvre met en scène? Ou serait-ce souvent le prix de l’oeuvre qui compte et qui fait parler? Plus elle est vendue cher, plus elle fait parler d’elle? Et plus elle fait parler d’elle, plus elle sera revendue cher? Certaines oeuvres semblent frôler la recette pour le succès médiatique. Plus c’est tape-à-l’oeil, mieux c’est…

C’est à ce type de réflexion que nous invitent Cooke-Sasseville dans leur expo intitulée Le Petit Gâteau d’or. Le duo de Québec a conçu une pièce qui n’est pas sans évoquer For the Love of God que la vedette médiatique Damien Hirst a fabriquée en 2007. Rappelons que ce Britannique avait couvert un crâne de platine de 8601 diamants, le tout valant la modique somme de 100 millions de dollars… C’est l’oeuvre ayant coûté le plus cher à fabriquer au monde (entre 16 et 20 millions). Impressionnant, non?

Avec des moyens plus modestes, Jean-François Cooke et Pierre Sasseville ont fait fondre 117 g d’or 18 carats avec 104 g d’argent 925, qu’ils ont serti de 13 diamants, 4 émeraudes, 3 grenats, 3 rubis, 4 topazes, 3 améthystes et 4 saphirs. Le tout prend la forme amusante d’un précieux muffin, d’un "petit gâteau très riche qui saura ravir les fins connaisseurs aussi bien que les simples amateurs". Le tout est protégé dans une vitrine apparemment blindée et installée au bout d’un long tapis rouge… Cooke-Sasseville savent se moquer du milieu de l’art qui depuis quelques années a été (à nouveau) récupéré par une classe de gens riches qui investissent dans ce domaine comme on investit dans l’immobilier ou les actions à la Bourse. Cette expo de Cooke-Sasseville s’ouvre d’ailleurs sur une série de sérigraphies montrant un lingot d’or, intitulée Valeur refuge. Mais comme l’écrit Nathalie Guimond dans l’opuscule de présentation, ce titre pointe "vers l’or ou vers l’art"?

Il est presque à espérer que la bulle spéculative qui entoure l’art contemporain finisse par se dégonfler afin que cesse la relation incestueuse entre mode et marché de l’art. Nous pourrons enfin reparler de la valeur symbolique d’une oeuvre.

À voir si vous n’aimez pas /
Damien Hirst