Vue éclatée : Chair et bestiaire
Cinq artistes sont à l’honneur dans l’exposition Vue éclatée, présentée à la Galerie d’art d’Ottawa jusqu’au 9 mai. Dans chacune des oeuvres, l’esthétique rattachée au grotesque prévaut, s’étendant, selon la commissaire Emily Falvey, du baroque au gothique, en passant par le burlesque. Malgré les connotations caricaturales que pourrait entraîner le thème, ce dernier surprend par la fraîcheur des points de vue.
L’exposition débute de façon inattendue avec, dans la grande salle, une série d’épreuves de bouches de poupées de Diana Thorneycroft, troublante à cause des références ambiguës émanant de ses sujets à l’innocence présumée. À ses côtés, le travail de Wim Delvoye atténue cet effet-choc avec des photographies étranges, mais amusantes, de parquets fabriqués à partir de diverses charcuteries tranchées.
Dans la salle adjacente, les mises en scène d’Howie Tsui, aussi vulgaires soient-elles (têtes tranchées, langues nouées), fascinent par le dialogue judicieux qui s’opère entre chacun des personnages dessinés. Et plus loin, les figurines de porcelaine d’Aganetha Dyck, après avoir été placées dans une ruche d’abeilles pendant un certain temps, oscillent entre le ridicule et le sublime. Les couches de cire les recouvrant étant stratégiquement placées, ces statues ne constituent plus des objets de collection populaires, mais des oeuvres rarissimes.
Quant à Jennifer R. Angus, la composition minutieuse qu’elle a réalisée à partir de dizaines d’insectes colorés est époustouflante, palliant certainement son discours, plus ou moins précis. Le plus intéressant dans son installation: ses sculptures miniatures affublées de têtes de diverses bestioles.
À voir si vous aimez / Matthew Barney, Paul McCarthy