Daniel Brière et Alexis Martin : Le début d’un temps nouveau
Fini les explorations vidéo, pour le Nouveau Théâtre Expérimental, qui en profite pour s’interroger sur la fin du monde et le début d’un temps nouveau. Alexis Martin et Daniel Brière parlent de La Fin.
La fin du monde est prévue pour 2012. Les Mayas le disent depuis longtemps, et puis Hollywood s’est emparé de leur discours cet automne. Ouais, mais on se doute bien que ce n’est pas ce genre de scénario catastrophe qu’Alexis Martin a imaginé. Très peu pour lui. "Peut-être assistons-nous en Occident à la fin d’une certaine manière de penser, réfléchit-il. C’est peut-être la fin de l’identité nationale, la fin de l’identité sexuelle telle qu’on la connaît, la fin du journalisme, la fin de la langue française."
En effet, pendant que le modèle social-démocrate québécois se remet en question, que le corps humain subit chirurgies plastiques et modifications génétiques, que les rapports hommes-femmes se diversifient et que le réel cohabite de plus en plus avec le virtuel, tout un monde disparaît sans crier gare. Daniel Brière, metteur en scène de La Fin, explique: "C’est plutôt pessimiste, dit comme ça, mais il faut voir la fin comme une période de mutations. On a vraiment l’impression de vivre une époque de changement, et ce n’est que le début. Il faut tout de suite en parler, car tout va si vite qu’on n’aura pas le temps de constater les bouleversements qui nous touchent si on ne prend pas un temps d’arrêt."
Alexis Martin philosophe: "C’est ce que dit Empédocle. Il n’y a ni naissance ni mort, il n’y a que des amalgames et des condensations. Je me suis amusé avec cette pensée-là, vieille comme le monde mais éminemment moderne." C’est là que se situe La Fin, entre la réflexion sur des enjeux actuels et la mise en perspective philosophique. Comme toujours au NTE, "le concret se marie au poétique". C’est Brière qui le dit, ajoutant que "le texte d’Alexis transporte des idées, mais sans les imposer".
Incarnés par Marie Brassard, Daniel Brière, Michel Charette, Sharon Ibgui et Alexis Martin, des personnages, philosophes, thanatologues, scénaristes ou journalistes vont se croiser sur scène dans des situations variées, et interroger la notion de finalité dans l’esprit ludique et artisanal qui caractérise le NTE. Cette fois, pas d’écrans sur scène, que du Low-tech. "La vidéo, dit Brière, c’est un dossier fermé, on a l’impression que c’était devenu une habitude et qu’on a fait le tour. Mais est-ce la fin de la matière organique sur le plateau? On a voulu interroger les matériaux, la lumière, mais aussi les fluides. Ce sera un spectacle très organique."