Jean-Pierre Legault : Voir l’invisible
Dans les oeuvres de Jean-Pierre Legault, à l’affiche au Centre d’exposition l’Imagier jusqu’au 25 avril, le flou photographique est utilisé de façon tout à fait volontaire. Le visiteur qui chercherait un point focal ou une configuration précise pourrait chercher longtemps, l’artiste ayant plutôt voulu, par sa démarche, attirer l’attention sur ce qui ne saute pas aux yeux dès les premiers regards.
Ainsi, le spectateur fait face à une série de clichés conçus suivant le procédé du photoreportage (c’est-à-dire au fil de divers périples, dûment identifiables par les titres faisant mention des endroits visités), mais les épreuves finales subliment complètement la réalité. Révolu est le simple travail de documentation… L’artiste a écarté ce qui tenait lieu de référents, ne laissant sur papier que des traces et des fragments d’entités diverses à décoder, et dont l’apparition soudaine ne cesse de fasciner, voire de hanter, au fil de l’observation. À travers cette fixation d’un moment quelconque sur la pellicule (une tempête sur l’île de Baffin, un arbre à Natashquan, etc.), le témoin cherche avidement à déceler les mystères qui y sont renfermés.
Et même si l’effet d’ensemble est quelque peu étouffé par l’utilisation de vitres de verre reflétant malencontreusement l’image de celui qui regarde (un détail, dont l’artiste reconnaît la faiblesse, d’ailleurs), le tout s’offre certainement telle une réplique à l’impact sensationnaliste recherché dans le genre de la photographie documentaire, surtout véhiculé dans les médias.
À voir si vous aimez / Alice Hargrave, Suzette Bross