Carol Wainio : Livre sans fin
Diana Nemiroff, la commissaire de l’exposition Carol Wainio: The Book, présentée à la Galerie d’art de l’Université Carleton, souligne de façon très juste que le travail pictural de l’artiste dont il est question dans le titre suscite davantage chez l’observateur le désenchantement que l’émerveillement.
D’abord, la palette de prédilection de Carol Wainio révèle des teintes évoquant la poussière. Ensuite, l’iconographie symbolique, illustrant des personnages de contes de fées en train de s’affairer dans des paysages étiolés, dissimule aussi une multitude d’objets dont la réputation marchande, débilitante, n’est plus à faire: chaussures Crocs, bottes de pluie à motifs tendance, sacs d’épicerie en plastique évoquant ceux qui parsèment encore les bordures de nos routes… Finalement, les thèmes sous-jacents, dans l’ensemble, renvoient aux inégalités sociales qui envahissent notre époque – par exemple, la disparité entre riches et pauvres. L’artiste justifie d’ailleurs l’existence historique de cet écart en nommant d’emblée certaines sources ayant inspiré ses propres illustrations, issues d’ouvrages datant du 19e siècle.
Mais à chaque tableau, la réaction initialement désillusionnée du spectateur, incommodé par ce vilain portrait de lui-même, semble grandir parallèlement à sa fascination pour la richesse de la recherche de Wainio. Complaisance à observer et à maudire ses propres défauts? Ou soif d’en apprendre davantage sur l’origine des livres, sur les modes de représentation, ou sur la reproduction manuelle d’images destinées à la publication? Peu importe, la "décodification" de tous ces précieux éléments ne se terminera pas de sitôt, même après la visite de l’exposition. Jusqu’au 11 avril.
À voir si vous aimez / L’ATSA, Edward Burtynsky