Jennifer Stead : Mise à nu
À la Galerie d’art de l’hôtel de ville d’Ottawa, la longue murale de 100 pieds que prévoit terminer Jennifer Stead d’ici le 29 avril, date de la réception de clôture de son exposition A Long, Drawn Out Story, constitue un work in progress d’envergure. L’artiste d’Ottawa, sans doute habituée à la tranquillité (ou au désordre) de son atelier, fait preuve d’une bonne dose de courage en produisant une oeuvre en public de la sorte. Sa performance obligée pourrait en effet ne pas aller sans quelques inconvénients, par exemple l’interaction avec un auditoire qui la dérangerait sans le savoir à des moments inopportuns ou, à l’extrême, la pénible révélation de sa vulnérabilité si elle se retrouvait soudainement en panne d’inspiration… En se lançant dans l’aventure de la création en direct (ici, du dessin au fusain), elle s’expose à une foule d’imprévus en plus d’avoir à respecter une échéance qui s’avère au départ plus qu’angoissante.
Pourtant, depuis quelques semaines déjà, l’artiste s’affaire avec assiduité à la tâche, et pour le spectateur le moindrement intéressé, l’expérience de la visite peut se révéler enrichissante si ce dernier se donne la peine de revenir plus d’une fois à la galerie. Même s’il risque de trouver le thème de prédilection un peu trop académique (éléments de paysage figurés), le témoin découvrira avec un certain émerveillement ce qui se cache derrière le processus créatif de Stead, ainsi que les solutions auxquelles elle est parvenue pour résoudre les problématiques picturales qu’elle s’est elle-même imposées. La murale, qui témoigne d’une grande méticulosité et d’une finesse tout aérienne, sera exposée jusqu’au 2 mai.
À voir si vous aimez / Peter Doig, Peter Hoffer