Robyn Moody : Vers l'infini…
Arts visuels

Robyn Moody : Vers l’infini…

La fascination pour la capacité humaine de repousser les limites agit comme stimulant chez Robyn Moody. Des oeuvres pour voyager sur place.

Les machines à voyager dans le temps, la science-fiction et l’immensité intersidérale vous interpellent? Elles allument également la créativité de Robyn Moody, artiste originaire de la Nouvelle-Écosse et travaillant à Calgary. Son exposition TARDIS/Constellation sera accessible à Espace Virtuel jusqu’à dimanche. L’électronique et le cinétisme lui servent à créer des ambiances nous propulsant dans un autre univers, celui de nos rêves d’espace lointain à la poursuite des étoiles.

En deux temps, deux oeuvres complémentaires, l’espace d’exposition absorbe le visiteur dans une douce pénombre. TARDIS (pour Time And Relative Dimension In Space) fait référence à la série de science-fiction américaine Doctor Who. L’assemblage d’une table tournante, d’un métronome et de chaînes de vélo prend vie pour faire entendre les nostalgiques harmonies de Gustav Holst sur The Planets. Le disque explore d’une planète à l’autre, alors que sa réflexion tourne comme un soleil mystérieux au plafond et que le temps est marqué de bruits secs.

Puis, dans l’autre salle, une galaxie isolée happe le corps et le regard. Devant le spectacle de cette Constellation recréée artificiellement, il y a de quoi s’émerveiller et s’attarder. Des points de lumière rouges, bleus, verts et orange sont suspendus dans l’espace; certains clignotent. L’installation procure quelques instants l’illusion d’infini d’un ciel étoilé, tout en donnant l’impression de nombreux ordinateurs ronronnants. Cosmos et électronique réunis. Peu à peu, l’oeil s’habituant à la noirceur, la magie s’estompe pour révéler les diodes électroluminescentes fixées sur des tiges noires, branchées avec des fils discrets. Cette seconde lecture s’avère amusante, dévoilant l’habile dispositif. Une forêt de bâtons bien droits vous dévisage, cyclopes à l’oeil brillant nés de la Technologie et de l’Univers.

L’artiste dit avoir pensé un jour à toutes les lumières d’appareils électroniques allumées dans le monde. Ainsi est né Constellation, un concentré de ce phénomène, inspiré de l’esthétique de la science-fiction. Une dimension écologique en ressort, la conscience soudaine de toute l’énergie gaspillée par des lumières de veille que personne ne voit. Ce ne sera certes pas le cas de celles de Robyn Moody.

À voir si vous aimez /
Les séries de science-fiction et La Machine à explorer le temps de H.G. Wells

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SUER LA SAINTETE

Toujours à Espace Virtuel, dans la salle 2, on trouve une proposition qui puise dans un autre genre d’infini. La relique sainte y prend le rôle de vecteur de réflexion sur le sacré et le profane. L’Usine à messies de Patrick Dubé explore l’iconographie religieuse catholique sous l’angle de la performance d’objets. La fonte de glace placée dans le coeur de statuettes de résine crée une suite de sérigraphies. La répétition d’une image, le visage présumé du Christ, détourne du message originel. Ainsi, dans une procession, le pèlerin de l’art va vers chaque autel, tendu de velours rouge et suant des saints suaires. Il s’agit de la conclusion de la maîtrise de l’artiste. En vérité je vous le dis, il ne reste que quelques jours pour visiter cette exposition évolutive.