La critique d’art est question de vision, presque de voyance, diraient certains. Et dans notre boule de cristal, que voyons-nous? Nous apercevons bien sûr les vedettes de demain, celles qui s’auréoleront de gloire… Ces jours-ci, nous distinguons aussi des images plus complexes. Nous voyons l’artiste Yann Pocreau en Hermite, Marie-Claude Bouthillier en une sorte d’Impératrice… Mais d’où sortent ces images qui nous touchent? Ce sont les oeuvres composant le Tarot de Montréal, projet qui a consisté à demander à 22 artistes d’actualiser le Tarot de Marseille.

Voilà une idée astucieuse permettant de regrouper une pléiade de créateurs: Eve K. Tremblay, Yan Giguère, Andrea Szilasi, Sophie Jodoin, Claudia Bernal, Cynthia Girard, Stéphanie Béliveau, Marie-Claude Pratte, Max Wyse, Sonia Haberstich, Emmanuelle Léonard, Sylvie Bouchard, Nancy Belzille… Certes, ce n’est pas la première fois qu’une telle idée est réalisée. En 2004, les commissaires Laurent Vernet et Hedwidge Asselin présentaient au Centre Zocalo l’expo Le Jeu, réunissant 54 artistes de Cuba, de France et du Québec, où chacun avait présenté une oeuvre composant un jeu de cartes. Un autre exemple: le Jardin des tarots sculpté en Toscane par Niki de Saint-Phalle (ouvert en 1998). Néanmoins, ce projet brosse un original panorama de l’art actuel montréalais. Car, comme le dit Bouthillier: "Pour jumeler chaque artiste à un arcane, je me suis laissé guider par les analogies, les rapports et les associations d’idées ou de formes que je pouvais faire entre la carte et la démarche de chacun." Et c’est là que ce projet devient particulièrement intéressant. À travers ce jumelage, la commissaire effectue une forme de portrait de l’artiste et de lecture de son oeuvre. Par exemple, Mathieu Beauséjour, qui a travaillé sur les images de dirigeants sur les billets de banque et dont une expo en 2003 s’intitulait Empire, s’est retrouvé à réaliser l’arcane de L’Empereur.

Une expo tout aussi rassembleuse que la mémorable Réponse à Zola (2006) où Bouthillier avait demandé à 9 artistes de réaliser une oeuvre qui soit l’incarnation du travail d’un peintre de roman.

Note: il aurait été intéressant de trouver, à côté de chacun de ces arcanes majeurs, un petit texte explicatif (écrit par un écrivain ou un artiste qui fait dans l’écriture?). Quant au texte de la commissaire, on peut le lire à www.marieclaudebouthillier.org.

À voir si vous aimez /
L’expo Réponse à Zola