Jean-Jules Soucy : Pas sans Soucy
Jean-Jules Soucy sort de son antre pour voir le monde. Et le monde veut le voir. À preuve, le porte-parole de l’Exposition intercollégiale d’arts plastiques réalisera de gros projets au cours des prochains mois.
Entrer dans ce petit appartement de La Baie, c’est découvrir un immense cabinet des curiosités, un condensé de couleurs, de textures de toutes sortes. Dans le labyrinthe de son existence, l’artiste cumule des objets, des oeuvres qui s’assument, d’autres encore à naître. Nous voilà donc chez Jean-Jules Soucy, à comprendre un peu mieux à la fois l’homme et ce qu’il crée.
L’esprit de Soucy travaille sans arrêt, semble-t-il, soumis au réflexe de la pensée comme d’autres s’abandonnent à leurs instincts. Toujours en avance d’un calembour sur son interlocuteur, il en vient à fasciner un peu malgré lui. "C’est juste qu’il ne faut pas me perdre de vue!" rigole-t-il avec cette bonhomie qui lui est caractéristique. Une attitude qui n’est sans doute pas étrangère au choix qu’on a fait de lui demander d’être porte-parole de l’Exposition intercollégiale d’arts plastiques, un événement majeur qui se tiendra cette semaine au Cégep de Jonquière.
"Ça m’a été demandé par Steven Reynald. Quand j’ai fait mon exposition à Séquence, il était venu avec ses étudiants. J’étais en forme, puis, des fois, tu sais, j’en mets un peu… avoue-t-il dans un retentissant éclat de rire. Là, je vais avoir le temps de leur parler." Il en profitera pour éclaircir quelques-uns de ses codes, réduisant le langage à sa plus simple expression, voire à sa particule la plus indivisible – la lettre. Ainsi, des jeunes de tout le Québec sauront qu’il vient de l’ABDAA (la baie des Ha! Ha!), et que, amoureux des félins, il aspire à devenir un homme HA (à chats). Un langage qui pourrait bien avoir un écho chez les jeunes utilisateurs de réseaux sociaux, clavardeurs et scripteurs de textos, pour qui la réinvention du langage est devenue coutume.
S’il prend le mot à la lettre, Soucy voit plus qu’un jeu dans ses tournures amusantes, réfléchissant sans cesse à la fonction même de l’art. "L’avenir de l’art, ça dépendra de ce que les galeristes en font. Mais c’est sa fonction, je pense, qui est plus importante. Pour moi, c’est large. C’est le goût d’aider (des "d"), d’aérer (a.r.é)…" Rien à faire de l’art qui s’enferme dans les musées: Jean-Jules pense à son prochain.
Mais pas seulement à son prochain. À ceux qui l’ont précédé, aussi. Entre autres à Marcel Duchamp, son maître à penser. Sur la petite table de sa cuisine trônent quelques bouquins qui parlent de lui, des entretiens qu’il a accordés. C’est d’ailleurs un tête-à-tête posthume avec son idole qui l’amènera bientôt à Philadelphie, où il réécrira un entretien qu’a eu Duchamp avec un certain James Johnson Sweeney (de qui Soucy partage les initiales). Une correspondance peut-être anecdotique pour le commun des mortels, mais porteuse de sens pour l’artiste baieriverain. Devant le Grand Verre de Duchamp, il recomposera le texte, répondant à sa façon aux interventions immortalisées de Duchamp.
À la liste de ses réalisations, celui qui a créé la Pyramide des Ha! Ha! pourrait bien aussi ajouter prochainement la création d’un jardin public dans son arrondissement d’attache. En effet, il aurait été invité à réaliser un tel projet dans le cadre de Saguenay, Capitale culturelle. Une invitation qui l’enthousiasme déjà…
EXPOSITION INTERCOLLEGIALE D’ARTS PLASTIQUES
La 21e Exposition intercollégiale d’arts plastiques se tiendra du 29 avril au 6 mai, au Cégep de Jonquière. Organisé entre autres par Steven Renald, enseignant à l’institution jonquiéroise et reconnu pour sa production en art postal, l’événement regroupera plus d’une centaine d’oeuvres créées à partir de différents médiums. Pendant le festival, des élèves en provenance de tous les coins du Québec – 25 collèges en tout – célébreront les arts par différentes activités, ateliers, expositions, conférences et performances.
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