Bruno Gareau et Dominic Papillon : Overdose visuelle
Arts visuels

Bruno Gareau et Dominic Papillon : Overdose visuelle

Le culte de l’image et la saturation visuelle vont de pair à l’heure actuelle. Deux artistes émergents, Bruno Gareau et Dominic Papillon, explorent ces thématiques contemporaines à la Galerie Verticale, du 9 mai au 19 juin.

Images trompeuses

Bruno Gareau présente Décès festifs, des images joignant l’iconographie des fêtes commerciales à la thématique de la mort et du suicide. Sa pratique explore les échanges et les tensions entre les modes narratifs et les modes d’expression picturale. Il s’intéresse particulièrement à l’écart entre les images idéalisées, célébrées abondamment dans le monde commercial, et la détresse humaine. L’aspect public des premières est en opposition marquée avec l’intimité de la deuxième. La mort du lapin de Pâques, des pères Noël désabusés et quelques symboles de l’Halloween se rencontrent de façon incongrue à l’intérieur de mises en scène pensées pour stimuler l’esprit critique de l’observateur. En montrant des situations émotives lourdes de symbolisme, en faisant se côtoyer l’allégresse et la consternation, il espère ainsi souligner la distance entre fiction et réalité ainsi que la vulnérabilité humaine. Un brin polémiques, les oeuvres de Bruno Gareau ont déjà fait scandale à Chicoutimi, où des pièces abordant la thématique des images de séduction et regroupant sexualité et enfance avaient été décrochées des cimaises en 2007.

Tape-à-l’oeil

"Je m’intéresse à tout ce qui, de manière souvent abusive, tente de captiver notre regard et notre intérêt. L’aspect clinquant des objets de parure ou de festivités, les reproductions d’icônes religieuses ou artistiques, l’embellissement de certains symboles patriotiques, la prestance du monument: voilà autant de sources d’inspiration qui forment la base de mon langage artistique." Dominic Papillon utilise le spectaculaire dans son mode de représentation: "tout ce qui parle aux yeux, en impose à l’imagination" est au coeur de ses préoccupations artistiques. La fascination exercée par l’objet ainsi que les attachements émotifs, positifs ou négatifs, culturellement liés à celui-ci lui servent de terrain de jeu, comme en témoigne son travail servi avec un brin d’humour.

Son installation utilise des matériaux qui soulignent sa thématique: formes géométriques de styromousse, dripping de silicone, matériaux d’une artificialité marquée et couleurs criardes. Un certain sens dramatique se dégage de la mise en scène, un espace narratif qu’il appartient au visiteur d’interpréter. Artiste à la pratique encore jeune, il a néanmoins participé à plusieurs expositions et se dit encouragé par les réactions du public face à ses réalisations. "Lors d’une exposition dans une maison de la culture, j’ai vu la réaction de jeunes d’une douzaine d’années qui évidemment ne connaissaient pas mes préoccupations et ça me confirme que je suis sur la bonne voie."