Jean Gaudreau : Se déployer dans l'espace
Arts visuels

Jean Gaudreau : Se déployer dans l’espace

L’exposition Le Pied au plancher du peintre Jean Gaudreau inaugurera une nouvelle galerie aménagée au Palais Montcalm. L’occasion de revenir sur une carrière désormais marquée du sceau du succès.

Depuis quelques années, les oeuvres de Jean Gaudreau s’insèrent dans le décor de la ville. Certains se rappelleront peut-être avoir vu ses grands tableaux à la galerie Cimon de la rue Buade, alors que d’autres, nombreux, se souviendront de ses pièces intégrées au Moulin à images en 2009. "J’ai été approché par l’équipe de recherchistes [du Moulin], qui voulait un artiste coloré et trouvait que je m’intégrais parfaitement dans sa vision", relate le peintre à propos de sa collaboration à la fresque mouvante de la Bungee. "Imagine, poursuit-il fièrement, ça me donne une vitrine magnifique et c’est un beau clin d’oeil à l’histoire de l’art aussi d’être placé parmi des peintres aussi réputés."

C’est ainsi que les oeuvres de Gaudreau se retrouvent confortablement coincées entre celles de Jean Paul Lemieux et Riopelle. Une position enviable qui relève peut-être d’une certaine filiation? "Riopelle est un peintre qui m’a toujours impressionné par sa fougue et son ardeur au travail, indique prudemment Gaudreau, même si aujourd’hui, il n’y a plus vraiment de lien direct entre ce que je fais et cet artiste, sinon avec sa personnalité."

D’autres influences marquent son approche de la peinture: "J’aime aussi beaucoup Kandinsky pour ses couleurs pures: les rouges surtout, les bleus, les jaunes… Au fond, peu importe les théories là-dessus, il est pour moi, avant tout, un coloriste." Outre de riches empâtements saturés et un foisonnement de textures diversifiées, une constante demeure dans ses oeuvres récentes et les plus anciennes: des personnages qui semblent exécuter des figures et des arabesques rappelant l’univers du cirque. "Je me suis d’abord intéressé à l’univers de la danse en 1994-1995, et par la suite à l’univers du cirque. Ce sont des modèles que je fais poser pour jouer avec les ombrages, les tensions, l’équilibre, et que j’intègre donc à mon univers pictural. Le corps humain pour moi est sans limites, j’aime le voir se déployer dans l’espace."

DU MOULIN AU PALAIS

Le succès commercial fulgurant de Gaudreau est le fruit d’une persévérance ardente qui l’a récompensé: "Je peux maintenant vivre de mon art, alors qu’avant je ne faisais que survivre", constate-t-il. Notons que les acquisitions faites par un certain Guy Laliberté y sont sans doute pour beaucoup. De même, ses oeuvres font maintenant partie de nombreuses collections privées et publiques, notamment celles du Cirque du Soleil, évidemment, mais aussi de la Ville de Sherbrooke, de l’Université Laval, de Feel Europe Group et de l’entreprise Premier Tech située à Rivière-du-Loup.

Or, le Moulin à images et les galeries commerciales ne sont plus les seuls endroits où l’on peut voir de ses oeuvres. Il est désormais exposé au Palais Montcalm dans une galerie spéciale qui y a été récemment aménagée. "Je suis le premier artiste professionnel qui y expose. Ce que j’aime, c’est qu’une salle comme celle-là est à mi-chemin entre la galerie privée et le centre d’artistes. Un bel endroit pour donner de la visibilité aux créateurs", ajoute-t-il.

Cela dit, Jean Gaudreau explique que s’il n’a pas exposé à ce jour dans des centres d’artistes, c’est qu’il s’est toujours concentré sur les galeries privées de Québec et de Montréal, et maintenant de Toronto et de l’international. "Parce que les centres d’artistes, c’est aussi un monde parallèle avec les cachets, les subventions, etc., explique le peintre. Il faut dire que je n’ai pas beaucoup de temps pour cela, parce que je dois produire et que mes pièces se dispersent rapidement." Ce sur quoi Gaudreau conclut: "L’important, pour moi, c’est d’évoluer, de ne pas tomber dans une recette commerciale."

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Le Moulin à images, Katia Poulin, Martin Beaupré