Cédule 40 : Transplantation
Cédule 40 avance un peu plus vers sa grande Glissoire avec la transplantation d’un pin immense.
Ce matin-là, il n’y avait rien à cet endroit. En quelques heures à peine, le point de vue sur la rivière Petite-Décharge serait complètement transformé. Désormais, un immense pin blanc se dresse au Parc Falaise, sécante dans le paysage d’Alma. Cette fois, l’art de Cédule 40 réussit à surprendre les gens dans leur quotidien.
Il faut dire que le collectif (Noémie Payant Hébert, Étienne Boulanger, Julien Boily et Sonia Boudreau) a déjà une tradition de rencontres fructueuses avec le public. On n’a qu’à se rappeler le succès impressionnant de ses premiers projets présentés aux Jardins de Métis (Bascule et Labyrinthe), à l’Espace 400e de la ville de Québec (Rouages) ainsi qu’à l’événement Orange de Saint-Hyacinthe (Révolution), qui demandaient la participation du public.
Coordonné par IQ L’Atelier, le projet de Glissoire imaginé par Cédule 40 déroge toutefois à son habitude de proposer aux passants d’interagir avec l’oeuvre. Cette fois, c’est l’histoire régionale que rencontre le projet, un rendez-vous auquel tous les badauds seront aussi conviés.
LA GREFFE
Deux ans après sa conceptualisation, le 6 mai dernier, le projet pouvait enfin commencer à prendre forme. Un cortège étrange s’est donc présenté à la Ferme Des Sureaux, à L’Ascension: suivis par quelques journalistes n’ayant pas froid aux yeux, des membres du collectif, profitant des services de spécialistes en transplantation de végétaux venus de Farnham pour l’occasion, ont procédé au prélèvement d’un grand pin blanc de plus de 40 pieds de haut. Déraciné à la frange d’une bleuetière, l’arbre a pu reprendre pied environ une heure plus tard au Parc Falaise, là où se trouvent les traces de plusieurs événements importants ayant trait à la sculpture environnementale.
SUIVI ARTISTIQUE
Au cours de la prochaine année, le greffon verra se construire autour de son tronc une structure en spirale qui rappellera, par sa forme et sa conception, la grande glissoire (aussi appelée la "dalle" ou la "sly" par les citoyens à l’époque) qui permettait le transport des billots du lac Saint-Jean jusqu’à la rivière en surplombant les secteurs ne permettant pas la flottaison.
Selon Julien Boily, la construction de la glissoire, autrefois, avait nécessité la mise en place d’un moulin à scie et l’installation de nombreux ouvriers venus habiter la région. Ce ne sera pas le cas aujourd’hui, le projet étant évidemment de moindre envergure.
Malgré quelques embûches somme toute normales pour quiconque se lance dans un projet à ce point inédit, le tout est déjà bien en selle. On estime d’ailleurs les chances de survie du pin à 98 %, surtout qu’il profitera des soins de la Ville d’Alma, qui contribue au projet en services et en main-d’oeuvre.
Le quatuor d’artistes est maintenant en atelier pour la conception de la structure qu’on prévoit construire autour de l’arbre avec du bois de mélèze – un travail qui demandera beaucoup de temps et d’énergie d’ici l’inauguration de l’oeuvre, prévue en septembre prochain.
D’ici là, le très occupé collectif Cédule 40, qui célèbre cette année son cinquième anniversaire, propose l’exposition L’idée de la reproduction au centre Sagamie d’Alma. Cette fois, le groupe s’intéresse à la reproduction sous toutes ses formes, créant un paysage halluciné à visiter.
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