Éric Massicotte et André Massicotte : Mer intérieure
Avec Père, mer et fils, Éric Massicotte et André Massicotte offrent un point de vue nouveau sur les îles de la Madeleine.
Dans les publicités et les dépliants touristiques, l’image que l’on véhicule des îles de la Madeleine est celle d’une oasis de paix, de calme. On mise sur ses magnifiques plages sablonneuses, son ciel radieux et ses falaises rougeâtres. Avec leur exposition Père, mer et fils, le photographe Éric Massicotte et son père André dévoilent un tout autre portait de ce petit paradis québécois.
"Ce qu’on voulait montrer, c’est que les Îles sont dans une tempête économique et écologique. Tout ça est interrelié. Aux îles de la Madeleine comme dans les provinces des Maritimes, il y a beaucoup de pêcheurs et ils sont très touchés par le réchauffement de la planète. Et moi, quand j’y suis allé, ça m’a frappé", amorce le plus jeune des deux artistes.
Ce ne sont donc pas les traditionnels clichés ensoleillés qu’on nous présente dans Père, mer et fils, mais des images où la nature semble un peu plus tourmentée. Un environnement où le vent salin souffle, la mer se déchaîne, les glaces emprisonnent les terres. "Je ne voulais pas juste présenter des photos des îles de la Madeleine. Je voulais que ça ait un charisme, que ça représente quelque chose, enchaîne-t-il. C’est dur là-bas ces temps-ci à cause de plusieurs choses: les terres qui s’effritent; l’économie fragile du homard; les touristes qui viennent, qui s’achètent des maisons comme chalet et qui ne contribuent pas à l’économie locale parce qu’ils sont là juste deux semaines par année. En fait, je souhaitais montrer que ça reste beau, même si c’est un peu triste."
MADELEINE, MON AMOUR
Au fait, d’où leur vient cet intérêt pour cet archipel situé dans le golfe du Saint-Laurent? "Mon père est resté là pendant six ans", répond Éric. "Quand on allait le visiter, on avait donc un guide qui nous amenait aux plus beaux endroits. Là, ce n’est pas évident de trouver les meilleurs spots photographiques et d’être là au bon moment. Il faut savoir, par exemple, que le soleil se couche à telle place. Et mon père était en mesure de nous donner l’heure juste pour aller au bon endroit au bon moment." À cela, André Massicotte ne peut s’empêcher d’ajouter: "Moi, je suis très curieux. Et j’ai montré à ma belle-mère de 84 ans, qui était née là et qui y était toujours restée, des choses qu’elle n’avait jamais vues!"
Parmi les différents points de vue que le duo propose, certains n’existent plus aujourd’hui. Chaque année, les falaises s’effritent un peu plus, ce qui modifie le paysage. "En cinq ans, j’ai vu de gros changements. Certaines maisons ont d’ailleurs dû être déplacées parce que la mer s’était rapprochée", signale le patriarche.
Père, mer et fils dévoile, oui, deux visions, mais aussi les îles de la Madeleine pendant deux saisons. Les clichés hivernaux exhibent des bleus spectaculaires, tandis que les estivaux se rapprochent du noir et blanc. Éric Massicotte admet qu’il a privilégié un traitement un peu plus dramatique, mais il désirait s’éloigner des lieux mille fois visités.
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