Borduas : Portrait rapproché
Afin d’effectuer une relecture du travail de Borduas mort en 1960, le MAC a organisé une expo-rétrospective mais aussi une expo-dialogue. Pour notre histoire.
Redisons-le: il est essentiel que nos musées donnent plus d’importance aux artistes de notre histoire de l’art. Pour les touristes qui visitent notre ville, c’est une excellente occasion de connaître notre culture. Pour les citoyens de ce pays, c’est une manière de se souvenir et d’effectuer une lecture ou relecture de ce passé plus ou moins lointain. Pour les professeurs, qui comme moi enseignent l’histoire de l’art, il serait très étrange de ne pas pouvoir montrer aux élèves à quoi ressemble réellement une oeuvre de Riopelle, Mousseau, Ferron, Cadieux, April… Car, rappelons aussi cela, encore de nos jours, nos étudiants et même une grande majorité de nos citoyens connaissent extrêmement mal leur culture.
Il était donc important que le Musée d’art contemporain (MAC) réinstalle une partie de sa très riche collection d’oeuvres de Borduas. Mais l’angle pris pour en parler est-il le bon? La majeure partie des pièces exposées ici, dans ce Borduas: Les frontières de nos rêves ne sont plus les mêmes, l’étaient déjà lors de l’expo Place à la magie! (qui s’est achevée récemment), et le dialogue avec quelques artistes contemporains ne convainc qu’à moitié. L’intervention d’Irene F. Whittome fait étrangement plus penser à l’expo Demande à la peinture de Marie-Claude Bouthillier de 1997 qu’à Borduas. Les liens entre le peintre François Lacasse et Borduas semblent plus pertinents, mais auraient très bien pu aussi s’appliquer à d’autres peintres abstraits.
Alors, quel genre d’expo aurait-on pu monter? Une expo plus historique et didactique n’aurait certainement pas été une mauvaise chose. Des repères concrets (la loi du cadenas, un rappel de l’interdit de la conférence publique de Malraux lors de sa venue à Montréal, la grève de l’amiante…) auraient permis de mieux faire comprendre ce désir de totale liberté présent dans l’oeuvre de Borduas. Une expo sur le contexte artistique aurait certainement été une autre bonne idée. Une comparaison avec des oeuvres de ses contemporains d’ici, mais aussi des États-Unis ou d’Europe, aurait pu mettre en contexte (et à son avantage) la production de ce grand artiste qu’est Borduas. Une présentation qui aurait tenté d’analyser les changements de regard sur l’art de Borduas à travers les décennies (comme ce fut le cas avec l’expo Emily Carr au MBA) aurait pu être une autre piste intéressante…
À voir si vous aimez /
Place à la magie!