Marie-France Cournoyer : Briser le cercle
Avec son exposition intitulée Autour d’un vide rond, Marie-France Cournoyer entraîne le visiteur dans un univers troublant, qui prend la forme d’une installation en apparence rudimentaire, mais dont les référents se complexifient au fur et à mesure que le témoin y porte attention. Ce qui pourrait sembler anodin au départ prend tout à coup une autre importance, et l’effet boule de neige va simplement en grossissant.
Par exemple, presque toutes les composantes du corpus sont blanches, non pas d’une blancheur fine et immaculée, mais de celle qui semble altérée, peut-être ternie par le temps. L’esthétique pure et aseptisée normalement associée à cette coloration est ainsi brièvement suggérée, la trace de sa disparition se faisant alors plus prégnante que son existence supposée.
Ensuite, les objets montrés se font obscurément évocateurs de l’enfance. Remaniées par l’artiste, des camisoles de nourrissons ont été roulées en boule, puis fermement attachées par un fil de fer, alors que d’autres ont été figées dans d’immenses globes plâtrés. Bâillonnement, censure, étouffement, la lecture qu’en fait l’observateur ne concorde pas avec l’idée préconçue de cette période d’éclosion: rayonnante, joyeuse, épanouie. Et l’utilisation répétitive du plâtre, soutien habituel des fractures humaines, vient compléter la morosité de la situation.
Plus étonnamment, l’exécution compulsive dont fait preuve l’artiste révèle, dans toute sa splendeur, la résultante d’une manie presque malsaine, dont la nuisibilité pose davantage de questions qu’elle n’apporte de réponses. Après tout, tourner en rond fait partie de la présentation, et le spectateur, provoqué, s’acharne à vouloir briser ce cycle mystérieux et en sortir. À l’affiche au Centre d’exposition l’Imagier jusqu’au 6 juin.
À voir si vous aimez / Tom Friedman, Jennifer Schmidt