Cédule 40 : La reproduction? Quelle idée!
Arts visuels

Cédule 40 : La reproduction? Quelle idée!

Le collectif Cédule 40 présente L’Idée de la reproduction au centre Sagamie. Une première exposition au Saguenay-Lac-Saint-Jean après cinq ans d’activité.

Formé de Julien Boily, Sonia Boudreau, Étienne Boulanger et Noémie Payant-Hébert, le groupe d’artistes de la région opérant sous le nom de Cédule 40 nous a habitués à des oeuvres ingénieuses et amusantes s’interrogeant sur l’agriculture, la nature et la technique. Dans cette nouvelle proposition, notre quotidien de citadins et de travailleurs contemporains apparaît sous l’angle de l’art, qui est vu par rapport à son caractère reproductible.

La salle d’exposition du centre Sagamie a été métamorphosée en un paysage excentrique. Le visiteur peut longer sagement le mur, ou bien s’aventurer dans une forêt de poutres faites de bois de construction. Cette dernière option le conduira à zigzaguer, accroupi, jusqu’à un photocopieur, grosse bête endormie au centre de l’espace. Lorsqu’il passera la tête par un trou circulaire pratiqué dans la plateforme que soutient la cime des colonnes, un spectacle étonnant s’offrira à lui. En version miniaturisée, des dizaines et des dizaines de copies du photocopieur croisé à l’instant sont disposées régulièrement sur toute la surface du plancher sur pilotis. Celui-ci arbore les couleurs de base en peinture, soit le jaune, le magenta et le bleu cyan, complétées par le noir, qui se reflètent sur le blanc pur de l’armée d’objets. Cependant qu’une musique créée pour élever l’âme à des sentiments glorieux grimpe jusqu’à l’oreille. Gageons que les artistes du courant futuriste auraient aimé.

Le concept de Walter Benjamin selon lequel l’oeuvre a une "aura" qui est dénaturée lorsqu’elle est reproduite a servi de prétexte de création au collectif. Ce dernier fait un clin d’oeil au penseur phare en s’interrogeant sur l’importance des moyens de reproduction dans sa démarche. Ainsi, le quatuor a utilisé ses matériaux habituels, et pris le paysage comme idée de départ. La réalisation de la population de photocopieurs a demandé un travail à la fois colossal et répétitif. La forme fut d’abord modelée en argile. Une matrice de latex a ensuite permis la multiplication de plâtres quasi identiques. Les spécimens jugés superflus ou moins bien réussis furent empilés dans un coin de la salle. À ce titre, l’anthropomorphisme vient assez facilement en tête comme couche de lecture de l’exposition. L’angoisse de l’uniformité et de l’aliénation qui en découle pourrait poindre pendant qu’on observe ces appareils factices bien rangés. On pourrait même sentir naître un frisson en se rappelant les parades militaires d’une page sombre de l’histoire récente.

À voir si vous aimez /
Cédule 40, L’OEuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique de Walter Benjamin

ooo

COLLECTIF ACTIF

Cédule 40 a vu le jour au Festival international de jardins des Jardins de Métis en 2005, et a participé aux trois éditions qui ont suivi. Son passage à l’événement d’art actuel Orange de Saint-Hyacinthe et au 400e anniversaire de Québec a également retenu l’attention. Le collectif souligne ses cinq ans d’existence cette année par différentes activités. Surveillez le déroulement du projet Glissoire à Alma et le lancement d’une publication du centre Sagamie cet automne.