Gabriel Coutu-Dumont : Soigner son image
Arts visuels

Gabriel Coutu-Dumont : Soigner son image

Gabriel Coutu-Dumont est artiste boulimique de photographie qui exhibe tous les usages de l’image, mais qui, aussi et surtout, réfléchit à notre manière de la lire.

Ici, l’image d’une affiche chinoise défraîchie; là, le cliché d’un matelas au motif floral…

Au premier regard, cette expo de photos de Gabriel Coutu-Dumont pourrait apparaître comme un amoncellement d’images hétéroclites prises au hasard. Le texte de présentation pourrait presque appuyer cette idée, Aseman Sabet y expliquant comment l’artiste a durant ses dernières années "compilé un imposant corpus photographique composé de milliers de clichés pris sur différents continents".

Lors de l’une des variations de cette expo, à l’Espace F à Matane au printemps 2009, nous apprenions comment "Gabriel Coutu-Dumont a accumulé de nombreuses photographies saisies pour la plupart à l’improviste". C’est comme si l’artiste souffrait d’une sorte de boulimie de l’image… Mais très vite, le visiteur se rendra compte qu’il a une organisation bien particulière qui sous-tend ce qui est en fait, à proprement parler, une installation photo.

Il s’agit avant tout d’un répertoire de toutes les possibilités de travail de l’image photo: image placée dans un caisson lumineux (à la Jeff Wall); image sous plexi; images imprimées sur tissu, sur papier bambou, sur aluminium, laminées; image découpée comme une dentelle… À travers ces divers matériaux, l’image est aussi montrée dans tous ses usages, parfois plus publics (photos publicitaires), parfois plus intimistes ou privés (photos davantage personnelles ou touristiques placées dans un livre tiré à trois exemplaires)… Il s’agit aussi d’une mise en abîme très moderne de ces images.

La boîte lumineuse montre l’image d’un caisson lumineux qui en transparence laisse voir l’endos de ce qui pourrait être un panneau publicitaire dans un pays asiatique. La photo d’une affiche est imprimée sur du papier plus fin et froissé… Un travail qui frôle l’hyperréalisme? Un travail de mise en scène très astucieux, très postmoderne (et poststructuraliste) avec la modernité, qui montre comment une image change de sens selon son contexte et son support. Mais il y a encore plus. Le titre de cette expo, Sketches of Synchronicity (que nous pourrions traduire par Esquisses de synchronicité), traite de ces coïncidences où les images et le monde semblent nous parler plus personnellement.

Une expo sur la quête du sens, sur l’image qui interpelle. De toutes les manières possibles.

À voir si vous aimez /
Raymonde April et Yan Giguère