Jean-Robert Drouillard : En Boréalie
Arts visuels

Jean-Robert Drouillard : En Boréalie

Chez Lacerte, vous êtes invités à aller voir Love louve et le clan de l’ours, le travail récent de Jean-Robert Drouillard, un sculpteur qui a choisi la noblesse du bois pour pratiquer son art.

L’artiste qui sait renouer avec les racines de sa propre histoire pour renverser le regard sur la culture des siens inspirera généralement un grand respect chez ses contemporains. L’exemple de Jean-Robert Drouillard est à ce titre éloquent, alors qu’il dit lui-même se placer "dans la filiation des sculpteurs sur bois de Saint-Jean-Port-Joli, Médard, Jean-Julien et André Bourgault, mais aussi des artisans et de l’art naïf et populaire du Québec" afin d’en renouveler l’esthétique dans les langages de l’art actuel.

En effet, ses sculptures récentes prennent comme base les figures humaines de la statuaire classique, mais agencées aux attributs d’animaux des climats boréaux. Et alors que l’ambiguïté marque son oeuvre, on pourra se demander si ce ne sont que des costumes ou de véritables hybrides entre l’homme et la bête. Ses oeuvres impliquent souvent une rigidité des poses des personnages qui, à la manière des totems ou des sphinx antiques, nous interrogent justement par leur saisissante et inquiétante présence. Un effet créé par la plupart des pièces, comme Love louve ou L’ourson aux bras croisés qui disait: Je suis là.

À cet égard, on pourrait rapprocher ses oeuvres de celles du sculpteur Trevor Gould de Vancouver: une étonnante familiarité d’aspect semble les lier. Cependant, alors que Drouillard en appelle à la fable et au conte (Le Renard et le Corbeau), aux chamans et aux clans des Premières Nations pour constituer un ensemble poétique et sans prétention, Gould, par le même type de détournement de la figure humaine, semble plutôt s’intéresser à la critique des pouvoirs et des dominations en utilisant des symboles de la culture populaire pour créer ses hybrides, comme les oreilles de Mickey Mouse.

Bref, l’effet d’ensemble est frappant, empreint d’humour, mais peut aussi provoquer un certain malaise dépendamment de l’angle sous lequel on regarde… Lorsque la galerie est bien remplie, on aura parfois l’impression que les sculptures font elles-mêmes partie de la foule, tels des témoins muets d’une assemblée tumultueuse.

À voir si vous aimez /
Trevor Gould, les pièces des familles Bourgault et Berlinguet