Benjamin Rodger : Passer au salon
Pour ceux qui n’auraient pas encore mis les pieds au Centre des arts Shenkman, le déplacement en vaut le détour. Y est dévoilée, à la Galerie du campus d’Orléans de l’École d’art d’Ottawa (l’une des quatre galeries du lieu), l’exposition Painting for Squares, de Benjamin Rodger, où le spectateur est confronté à deux propositions qui semblent puiser dans le contexte historique de la peinture, remettant en question la propre pratique picturale du créateur.
D’un côté, le témoin familier avec sa production reconnaîtra les portraits plus grand que nature de personnages qui pourraient s’avérer inconnus de la majorité des visiteurs -à l’exception peut-être du tableau Avec titre (Étienne), inspiré par nul autre que M. Gélinas, peintre de la région (voir photo)- et réalisés suivant de près les règles de l’hyperréalisme. S’amènent pour toile de fond des centaines de petits carrés, flottant parfois dans les visages, et aux couleurs vibrantes, clin d’oeil assuré à l’abstraction géométrique, au pop art… Vu la grandeur des images, cette section de l’expo force une proximité dérangeante avec les protagonistes anonymes, desquels l’observateur, maintenant voyeur, tend néanmoins à vouloir deviner ou connaître la provenance, à la manière du portrait d’histoire.
Même si le caractère novateur de la proposition n’est pas explicitement révélé, l’intégration d’une installation murale, face aux tableaux, démontre tout de même la consistance de la réflexion. Contours d’un mobilier complet d’une salle de séjour dessinés au duct tape, cotonnades à motifs apprêtées, puis tendues sur faux-cadres, la référence aux Salons du 18e siècle ne passe pas inaperçue. Avec cette expo, l’artiste parvient à repenser sa peinture et à rendre son propos captivant. Jusqu’au 26 juin.
À voir si vous aimez /
Serge Lemonde, Angela Leach, l’exposition La vie en pop au MBAC.