Exposition Leonard Cohen : Les petits dessins de Leonard

"S’il n’y avait aucune peinture au monde, les miennes seraient très importantes. […] Un bon titre pour cette exposition serait peut-être Décorations acceptables", ironise Leonard Cohen dans un texte servant à mettre la table pour l’exposition qui réunit plusieurs de ses oeuvres. Après Manchester, Toronto, Vancouver et Montréal, celle-ci s’amène au Musée des beaux-arts de Sherbrooke pour la saison estivale.

Comme son autodérision le laisse entendre, le poète ne tient pas en grande estime ses autoportraits, portraits de femmes et natures mortes. Pour lui, le dessin est davantage un passe-temps, une échappatoire à son travail d’écriture. Son style est d’ailleurs très libre, spontané, dépouillé. Toutefois, après avoir cédé à l’idée de cette exposition, l’auteur-compositeur-interprète est forcé d’admettre que ses ludiques gribouillages suscitent la contention. "Il est flatté de l’intérêt que portent les gens à ses images, mais il demeure humble, conscient de leur modeste place dans le panthéon des arts visuels", confirme Adam Cohen, qui a gentiment répondu à nos questions au nom de son père. "Il est très occupé avec sa tournée de concerts. Cela le fera beaucoup voyager, et ce, durant toute la durée de l’exposition."

Ainsi, peu de chances de croiser Leonard Cohen entre les murs du MBAS cet été, même s’il y a déjà mis les pieds en 2004; c’était pour le vernissage de l’exposition d’un de ses amis, le sculpteur Morton Rosengarten. Dommage, d’autant plus qu’Adam nous assure que son père se trouve dans une forme éblouissante. "Il est complètement remis de sa blessure au dos. À mon avis, il a l’allure que tout homme de 75 ans souhaiterait avoir."

LA VIE SECRÈTE DE COHEN

Sur ses oeuvres (pastels, fusains, aquarelles, images créées par ordinateur), Leonard Cohen aime apposer de brèves réflexions qui témoignent de son quotidien et, par le fait même, en dévoilent beaucoup sur sa personnalité. "Les autoportraits avec des annotations rejoignent ses tendances sardoniques, humoristiques, surréalistes et poétiques. Tout cela est compatible avec ses chansons", explique Adam. Ainsi, tous ceux qui aiment s’abreuver aux paroles chantées du septuagénaire risquent bien d’étancher leur soif en visitant l’Exposition Leonard Cohen. Les fans y reconnaîtront également des oeuvres illustrant certains de ses disques ou recueils de poésie.

Il n’en demeure pas moins que l’amateur d’art peut apprécier l’oeuvre picturale de Cohen, qui évoque à l’occasion le dessin de Jean Cocteau (également un grand poète) ainsi que la peinture d’Henri Matisse. "Ce sont des artistes qu’il a toujours appréciés", ajoute Adam. On peut également penser à certains autoportraits rudimentaires de Pablo Picasso. Mais l’inspiration de Cohen ne venait pas de ces icônes, mais des personnes qui ont bien voulu lui servir de modèles, ainsi que des objets qui l’entourent, et qui le fascinent.

Le plus étonnant chez "Leonard Cohen, l’artiste en arts visuels", c’est qu’il possède une griffe qui lui est propre, qui se reconnaît entre mille. "Tout son travail est rattaché à ce qu’il est comme créateur, acquiesce son fils. Voilà qui est remarquable aux yeux de ceux qui tentent de trouver un style, une signature; mon père, lui, y est arrivé naturellement."

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