Damien Hirst : Riche et célèbre
Damien Hirst, à travers l’exposition La vie en pop au Musée des beaux-arts du Canada, s’avère l’exemple parfait d’un artiste dont la notoriété influence grandement la valeur des oeuvres.
Au détour d’un mur, la voilà, en chair et en os. Oublions pour l’instant le prix exorbitant qu’aurait payé un investisseur pour la rajouter à sa précieuse collection… Dans toute sa splendeur et son étrangeté, son silence immuable, l’oeuvre Le Rêve d’enfant, de Damien Hirst, repose en paix au milieu de l’une des salles des expositions temporaires du MBAC. À l’intérieur d’un immense aquarium plaqué or, copie presque conforme de ces requins, moutons, zèbres et autres bêtes conservés précieusement dans du formol et habituellement vus en images seulement, il s’agit ici d’une licorne saturée de tout ce qu’elle a de plus mythique, et lentement appelée à disparaître, le formol ralentissant, sans l’enrayer complètement, la putréfaction d’un corps organique. De cet ouvrage captivant, l’artiste a déjà mentionné ceci: "Les rêves d’enfants sont encore plus fantastiques que les rêves d’adultes. Comme l’a dit le sculpteur Constantin Brancusi, quand on n’est plus enfant, on est déjà mort."
Cette pièce, comme les autres qui composent la section réservée à Damien Hirst dans l’exposition La vie en pop: L’art dans un monde matérialiste, est tirée d’un événement sensationnel orchestré par Hirst lui-même, soit la fameuse vente de ses propres oeuvres confiée directement à Sotheby’s, ce qui lui a permis de passer par-dessus le réseau des galeries commerciales, et lui a rapporté près de 212,8 millions de dollars. En toute ironie, Beautiful Inside my Head Forever (titre qu’il a donné à l’événement) s’est déroulé le lendemain du krach boursier mondial, en septembre 2008.
Une vidéo de cette vente aux enchères, pour laquelle la rumeur veut que les plus fervents collectionneurs aient délibérément fait grimper les enchères afin d’éviter que leurs précédentes acquisitions ne perdent de leur précieuse valeur, se trouve d’ailleurs parmi les objets de la présentation. Y sont aussi dévoilés: l’oeuvre Sans titre (jumeaux), datant de 1992, et dont la reconstitution au MBAC a fait l’objet d’un appel massif à la population pour trouver des frères ou des soeurs identiques, prêts à participer à cette oeuvre-performance assis devant des peintures à pois de l’artiste; Bromure d’or, une peinture-émail vaporisée à la laque aérosol; ou encore Le Baiser de Midas, tableau à l’émail doré avec papillons, et incrusté de diamants synthétiques. Le tout s’inspire évidemment du principe qu’avait mis à l’avant-plan le pionnier du pop art Andy Warhol – "Faire de bonnes affaires est le meilleur art qui soit" -, élément essentiel à l’ensemble de toute l’exposition qui, selon le communiqué, "présente un aperçu sous-exploré de ce chapitre de l’histoire de l’art récente".
À voir si vous aimez /
L’exposition Pop Shop à la Galerie Blink, l’exposition Corps en péril à la Galerie SAW.
Lisez la semaine prochaine la deuxième partie de la série d’articles consacrés à La vie en pop du Musée des beaux-arts du Canada.