Richard Purdy : Surprenante illusion
À force d’acharnement, Richard Purdy expose à l’Espace Shawinigan. Il y présente L’Écho-l’eau, quatre étonnantes installations qui jonglent avec le concept de l’illusion.
La première fois qu’il a mis les pieds à l’Espace Shawinigan, l’artiste Richard Purdy a eu une vision. Le virtuose de l’installation in situ imaginait déjà comment exploiter ce lieu. À cette époque, celui-ci avait une entente avec le Musée des beaux-arts du Canada. Le moment n’était donc pas très opportun pour entreprendre des démarches. Mais, un jour, le vent allait changer de direction…
"Il y a des avantages pour les artistes à lire les journaux locaux, signale celui qui enseigne à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Parce qu’à la fin novembre, j’ai lu dans Le Nouvelliste qu’il n’y aurait pas d’expo cet été à l’Espace Shawinigan. Mon premier réflexe a été: "Oh! non… Une autre fermeture à Shawinigan!" Et une fermeture si symbolique. J’avais vu les sept expos précédentes, et j’avais été un peu déçu. Je trouvais l’endroit tellement spectaculaire, et personne ne l’avait vraiment mis en valeur. J’ai donc appelé Robert Trudel pendant deux semaines. Je demandais cinq minutes à sa secrétaire, mais il était toujours trop occupé." Au bout des 15 jours, il obtient néanmoins un entretien. Il expose son projet au directeur de la Cité de l’Énergie qui, après avoir consulté son principal conseiller, l’honorable Jean Chrétien, lui donne finalement le feu vert. Car ce sont des installations particulièrement folles que Purdy lui propose avec L’Écho-l’eau, surtout Unrestored, Aquidia et Bindu: Le Bing bang qui nécessitent que les visiteurs se mouillent les pieds, qu’ils circulent dans d’immenses bassins d’eau. "Ce qui a scellé la chose, c’est que pour le géotextile qui recouvre les bassins, il faut un plancher complètement de niveau. Et l’Espace Shawinigan est peut-être le seul lieu en Amérique du Nord qui a rénové ses planchers au niveau absolu. Donc, on peut inonder ces lieux-là et l’eau n’est pas trop profonde."
DES REFLETS
Le 22 décembre 2009, la roue se met donc en marche. "À partir de là, j’ai fait 600 tableaux!" rit-il en parlant d’Unrestored, où des toiles au style antique accrochées à l’envers se reflètent dans l’eau et dansent. "Puis, je les ai mis dans des bacs de yogourt deux ou trois semaines pour les faire vieillir. J’ai souvent vu les peintures des salons français du 19e siècle, avec les murs couverts de velours; je voulais créer cette ambiance-là."
Dans cette installation comme dans Aquidia, Bindu: Le Bing Bang et L’Inversion du monde – qui inverse les surfaces terrestres et aquatiques et qui renvoie surtout à l’idée d’une mappemonde -, l’illusion joue un rôle primordial. "La chose la plus intéressante, c’est de convaincre les gens qu’ils ont un choix. Ils peuvent voir le lieu dans les réflexions ou l’illusion. Mais comme c’est une installation, l’un n’exclut pas l’autre. On n’a pas besoin de cacher le lieu avec des rideaux ou des choses comme ça. Surtout la drave [Aquidia]. Les gens embarquent sur les pitounes; ils sont dans la nature. Mais il y a de grosses fenêtres. Donc, ils sont à l’intérieur et à l’extérieur en même temps. En plus, il y a de la pluie dans la salle. Les visiteurs peuvent prendre un parapluie et marcher. Il y a de la brume, de la vapeur et une odeur. Ce n’est pas une expérience qu’on vit normalement à l’intérieur." Et ça glisse! "Heureusement, l’eau n’est pas profonde!" conclut Purdy.
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Vivre des expériences, l’immensité, l’eau