Winston McQuade / Rencontre des arts contemporains : Trafic d’influences

Pour sa première édition, la Rencontre des arts contemporains de Knowlton a auréolé Winston McQuade du titre de porte-parole et d’artiste invité. Diplômé de l’École des beaux-arts de Québec à l’époque où Jean Paul Lemieux faisait partie du corps professoral, cet ancien journaliste et animateur à Radio-Canada a su troquer le micro pour le pinceau et, ainsi, faire un retour en force dans les arts visuels, sa passion première.

Pour l’ex-communicateur, l’invitation de Maddia Esquerre de la Galerie Agur, hôtesse de l’événement, arrivait à point, car son travail récent sur le paysage topographique de Montréal (il effectuait, entre autres, des impressions de trous d’homme) touchait à sa fin. "Je me suis dit qu’il était temps de passer à autre chose. Ce fut alors une période de questionnements. Le déclic est venu de certains tableaux que je faisais dans les années 60. C’était de l’action painting, de l’abstraction lyrique." Parallèlement à cela, il redécouvrait Serge Lemoyne grâce à une rétrospective de l’oeuvre du disparu, présentée dans une galerie montréalaise. "J’ai toujours été fasciné par ce genre de travail, alors je suis retourné à ça."

Virages comprend donc un tableau "à la manière de" Lemoyne, où le dripping est à l’honneur. L’exposition comptent d’autres hommages, moins planifiés cette fois, à Picasso et Miró. "Quand j’étais aux Beaux-arts, il y avait l’influence américaine, Jackson Pollock et compagnie, mais aussi l’influence européenne. Ce qui brassait beaucoup à ce moment, c’était Picasso, Miró… La couleur, la vie, une énergie qui excitait la curiosité… À quelque part, c’est toujours resté en moi."

ART BRUTAL

Winston McQuade affectionne décrire les émotions avec des couleurs brutes. "Je n’ai jamais été dans la subtilité des couleurs. Passer du rose à l’orangé en touchant au bleu et en allant vers le violet, ça n’a jamais été mon fort. J’aime les couleurs trash, hard edge. La peinture dont je me sers est une acrylique très épaisse."

Si les couleurs sont primaires, le matériau en guise de toile l’est tout autant. "C’est du carton de trois pouces d’épais. J’effectue donc du travail sur papier."

Avec ses larges pinceaux, l’artiste a conçu les 15 oeuvres qu’on trouve dans l’exposition. L’intimité d’un petit studio aménagé chez lui fut propice à l’introspection et au laisser-aller. "Il y a de la spontanéité dans la façon d’exprimer les sentiments qui m’habitent. Lorsque j’applique la peinture sur la toile, c’est un peu comme une chanson improvisée." Sans couplets ni refrain, Virages témoigne du flow de McQuade.

À voir si vous aimez /
Serge Lemoyne, Pablo Picasso, Miró

ÉVÉNEMENT MULTIDISCIPLINAIRE

Également au menu de cette première Rencontre des arts contemporains: danse, théâtre, musique et gastronomie. La Belge Horta Van Hoye "vit dans un monde de papier, entourée de créatures qui naissent et meurent de ses mains miraculeuses". On dit que le spectacle de la poétesse et magicienne a visité 17 pays. Le chorégraphe d’origine mexicaine Edgar Zendejas "fouille l’âme humaine avec humour et délicatesse et la transcende sur scène dans l’architecture des corps". En hommage à Eva Von Gencsy, cofondatrice des Ballets Jazz de Montréal, Olivier Wecxsteen interprétera un solo du chorégraphe états-unien Val Caniparoli. Rés.: 450 243-0145. (Christian Saint-Pierre)