Diane Landry : Rêves aquatiques
Arts visuels

Diane Landry : Rêves aquatiques

Que diriez-vous de glisser dans les mystères oniriques qui embrument l’air de Séquence en ce moment? Visitez Réservoir électrique, une exposition fascinante de Diane Landry.

On dit que l’origine de l’art se trouve dans la croyance au magique. En ce sens, Diane Landry est une magicienne et ses oeuvres ont un pouvoir de sublimation et de guérison. L’incontournable proposition Réservoir électrique présentée à Séquence regroupe plusieurs installations sculpturales, sonores et vidéographiques de l’artiste, qui occupe l’ensemble des espaces. Avec l’impression de flotter d’une salle à l’autre, on découvre des univers finement tissés de reflets, de sons et de souffles où le temps s’écoule doucement, comme pour nous bercer. De la mémoire remontent des odeurs de pluie, des frôlements de poissons contre la jambe, des nuits d’enfant malade dans un petit lit… Et le sommeil qui étouffe et le sommeil qui protège. Des rêves d’animaux aquatiques glissent avec douceur, des rêves à la respiration sous-marine.

Attirée par la lumière, Landry l’utilise comme matériau depuis ses premières oeuvres, en explorant ses possibilités poétiques et spatiales. L’ombre, avec ses nuances sous le seuil de la clarté, est incluse dans cette recherche. Peu à peu, l’artiste s’est intéressée au mouvement et à la façon de faire bouger ses oeuvres. Grâce à des systèmes mécaniques et informatiques, elle donne vie à ses créations avec beaucoup de sensibilité. À la manière de poumons ou de méduses, plusieurs oeuvres inspirent et expirent, se contractent et se dilatent dans une respiration métaphorisée et apaisante. Puis il y a cette poésie fulgurante cachée dans les objets les plus simples que dévoile l’artiste. Sans modifier leur forme, elle transfigure leur sens. L’intrigue de la beauté se manifeste dans des choses familières et des sons connus, qui prennent la parole pour raconter quelque chose de doux, quelque chose de vaste.

Réservoir électrique comprend des oeuvres majeures, notamment École d’aviation. Il s’agit d’une installation automatisée comprenant 24 parapluies aux tissus bigarrés. Ils s’ouvrent et se referment en laissant échapper des soupirs d’accordéon. Dans l’Espace Michael Snow, Le Bouclier magique se décline en trois dispositifs créés à partir de sommiers de lit. Songe ou cauchemar? Sommes-nous à la maison en sécurité, ou bien dans un hôpital? Peut-être en pension? Le calme tintement des clés rassure, les ombres nageant sur les murs et sous le drap blanc ne sont pas menaçantes. Ce que l’on croit reconnaître à la surface des choses contraste avec ce que l’on découvre caché. Au rez-de-chaussée, une compression du temps et de l’espace s’opère dans Un silence radio, installation vidéo accouchée d’une performance, tandis que le vert des bouteilles danse et que des histoires se font essorer… Profondément humaines, les oeuvres de Landry touchent par la fragilité qu’elles évoquent et la beauté qu’elles savent capter, autour de nous et en nous. Magnifique.

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