La Vie en Pop : Célébrissime
L’exposition La Vie en Pop. L’art dans un monde matérialiste, au Musée des beaux-arts du Canada, cherche à la fois à éblouir et à soulever le questionnement.
Qu’il s’agisse d’un grand coup médiatique ou d’une présentation qui se voudrait instructive, cette expo ne peut passer inaperçue. Certes, elle renferme la prémisse idéale d’un film à saveur typiquement hollywoodienne: des noms infiniment célèbres, des sommes d’argent astronomiques, des images "pornographiquement" chargées, et montrées sous leurs plus beaux atours… Bref, elle transpire ce sensationnalisme pur et dur engendré par les oeuvres qu’elle renferme, ces dernières "brouillant délibérément les frontières entre l’art, la culture et le marché", comme le décrit le communiqué.
Mais après la rencontre médiatique du 9 juin dernier, il semblerait que le mandat de l’exposition ait été en tous points respecté: faire découvrir une période récente et éclatée de l’histoire de l’art, et laisser le public se bâtir lui-même son opinion. Ici, le Musée ne cherche pas à prendre position, mais à étaler plusieurs éléments nécessaires à la compréhension (ou au questionnement!) de la thématique, avec quantité d’oeuvres évocatrices, des ateliers de discussion de même qu’un catalogue qui complète intelligemment la visite.
Au premier coup d’oeil, les plus avertis resteront sans doute sur leur faim, puisque la majorité de l’étalage mise beaucoup sur le travail des Warhol, Koons et Murakami, artistes archi-connus et dont les médias ont déjà trop souvent parlé, mais on y trouve tout de même certains bons coups.
Entre autres, une salle complète est réservée à la reproduction partielle d’une rétrospective consacrée à Martin Kippenberger, une deuxième à la murale photographique Les Nazis, de Piotr Uklanski, et l’entité fictive que constitue Reena Spaulings, pour clore le parcours, présente sa série Énigme, renfermant des nappes de table usagées. Quant à la pièce controversée Untitled, d’Andrea Fraser, elle brille par son absence; dans notre entretien électronique, l’artiste souligne qu’elle craignait "que cette vidéo ne reçoive trop d’attention dans l’expo et dans les médias, ce qui explique [s]on choix de n’en montrer que de la documentation écrite et photographique". Au bout du compte, ce sont sans doute ces oeuvres moins notoires (sans oublier celles du collectif canadien General Idea) qui pallient l’aspect trop bonbon d’une exposition qui tente, après tout, de se faire justement célébrissime, tel le sujet qu’elle exhibe.
À voir si vous aimez /
All Things POP! à la Galerie Wall Space, Allô Montréal à la Galerie Cube, Seven Days in the Art World de Sarah Thornton