Mademoiselle : Au petit écran
Avec Liaisons pop, Mademoiselle donne une seconde vie aux téléviseurs des années 70 et 80.
Avec l’arrivée des écrans au plasma, les vieux téléviseurs présentent désormais peu d’attrait et se retrouvent la plupart du temps aux poubelles. Mademoiselle (alias Marie-Ève Proteau) est sans doute l’une des rares personnes à les récupérer.
"Ça faisait un bout de temps que ça me trottait dans la tête, confie l’artiste. Avec Sarbacane [son ancien projet, actuellement mis sur la glace], on avait déjà fait une oeuvre en téléviseur de bois. Comme j’ai toujours aimé les objets un peu rétro, je me suis dit: "Pourquoi ne pas intégrer mes toiles dans un support différent?" Juste le cadre, ça ne me suffisait plus. Et les téléviseurs, je trouvais que c’étaient de beaux objets perdus. J’ai donc fait plusieurs essais techniques, juste pour voir. J’ai accroché sur l’idée, et ça m’a stimulée à aller plus loin. J’ai l’impression de pouvoir puiser pas mal là-dedans; de faire des structures plus imposantes, des amalgames de plusieurs pièces ensemble. C’est une source inépuisable: en plus de la toile, je peux travailler le cadre."
Ces vieux postes auxquels elle donne une seconde vie, Mademoiselle les cueille dans les brocantes, les marchés aux puces. "En fait, ce qui est bien, c’est que ce sont des téléviseurs qui datent des années 70 et 80, des objets rétro, mais qui ne sont pas catégorisés comme des "antiquités". Ce sont plus des objets qui sont désuets, pas nécessairement assez beaux pour être conservés. Mais en les nettoyant et en les repeignant, je trouve qu’il y a un potentiel vraiment riche à exploiter." Et elle s’amuse. Vert pomme, rose bonbon, orange: les seules limites de sa créativité sont les teintes disponibles en peinture aérosol.
Au total, 11 oeuvres sont présentées à la Maison Rodophe-Duguay. Onze télés où des femmes différentes, figées dans un monde fantaisiste, nous transpercent du regard. "J’aime bien donner une espèce d’âme à l’objet, pour que ça vienne rejoindre le spectateur. Faire quelque chose qui est assez vaporeux, sensuel, féminin, ça fait partie de ma démarche depuis le début. Ma ligne de base pour ce projet-là, c’est qu’il y a toujours une relation qui est présentée ou suggérée entre deux êtres." Une pause, puis elle enchaîne: "Je trouve que c’est un peu pop-surréaliste, ce que je fais. J’apprécie que quand tu observes bien, il y a toujours un deuxième niveau de lecture. Ça semble esthétiquement parfois doux, beau, mais il y a toujours un deuxième niveau un peu plus ambigu, un peu plus sombre dans les détails qu’on ne peut pas voir au premier regard."
À voir si vous aimez /
Le surréalisme, les trucs rétro, la couleur