Fontaine Leriche : Têtes d'enterrement
Arts visuels

Fontaine Leriche : Têtes d’enterrement

Sortez vos vêtements noirs et préparez vos prières: l’artiste multidisciplinaire Fontaine Leriche présente son exposition Être mort au café-galerie l’Embuscade tout le mois de juillet.

Visages hagards et regards perdus: les personnages créés par l’artiste multidisciplinaire Fontaine Leriche avaient une sacrée tête d’enterrement lors du vernissage de l’exposition Être mort, qui avait lieu au café-galerie L’Embuscade dimanche dernier. Et c’était bien voulu.

"Ce sont tous des personnages qui sont un peu absents, qui font un peu peur, qui regardent tous au même endroit. Qui regardent le même mort", raconte Fontaine Leriche, qui travaille depuis deux ans sur cette exposition composée d’une série de gravures.

C’est à la suite d’un deuil que la jeune femme de 32 ans a souhaité exploiter le thème de l’enterrement à travers le regard de ses personnages un peu fous. "Mes bonhommes sont morbides, mais ça va avec la technique. Graver dans l’acier, c’est difficile, donc les traits sont raides et grossiers", image-t-elle. L’artiste ne recherche pas la perfection. "J’aime bien faire un personnage rapidement, en cinq minutes. Ça lui apporte quelque chose de l’fun."

Si le café-galerie l’Embuscade représentait l’endroit idéal pour suspendre Léonne, Aimé, Ingrid, Brutus, Père, Frédéric et Pierre-Éliotte, l’artiste aurait cependant aimé investir une pièce complète. "Ça aurait donné un effet encore plus massif. Les personnages créent un effet de pression ou d’oppression. Là, ce sera à plus petite échelle", explique-t-elle.

C’est d’ailleurs ce qui constitue l’essence de la démarche artistique de Fontaine Leriche, qui souhaite que de ses oeuvres émerge une ambiance. "Je n’ai pas de message à passer. Je crée plutôt des atmosphères. Après, les gens doivent venir voir et se laisser imprégner."

UNE EXPOSITION, DEUX MONDES

Des images numérisées et retouchées de ses gravures complètent l’exposition. "J’aime recréer d’autres scènes à partir de mes images", avoue-t-elle. Comme ce bougre endeuillé à qui l’on a rajouté un ornement de Noël en guise de parure d’oreille, et qui contemple maintenant un joyeux sapin.

"Je crée deux mondes différents avec le même matériel. J’ai ma série d’enterrement, un peu plus drabe, et l’autre est une fiction de personnages plus surréaliste, avec des couleurs plus éclatées", définit celle qui touche aussi à plusieurs autres médiums, comme l’estampe, la vidéo, les croquis, les dessins, et même la peinture et la sculpture, de temps à autre.

Réputée pour travailler encore et encore, l’artiste, dont l’agenda des derniers jours cumulait pas moins de deux vernissages et une journée artistique, aime bien avoir de la broue dans le toupet. Une chose en entraînant une autre, il semble que ce soit dans l’abondance que l’imaginaire déluré de Fontaine Leriche trouve plus facilement sa voie. "Je travaille sans penser, et après je choisis. J’en fais tellement que c’est instinctif… et esthétique!" conclut-elle.

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