Galerie d’art d’Ottawa : Le charme de la peinture
En entrant dans la salle principale de la Galerie d’art d’Ottawa, le visiteur reste de marbre; il se met peut-être à rouler des yeux. Encore de la peinture? Des tableaux, il en a déjà vu à la tonne. Ceux-ci devront se montrer particulièrement captivants, dévoiler des facettes extraordinaires, sinon, il décrochera…
Heureusement, le parcours s’annonce prometteur avec, dans la première salle, une rétrospective consacrée à Duncan de Kergommeaux, peintre résidant à Chelsea. Intitulée Voici les marques que je fais, la présentation englobe un corpus d’oeuvres réalisées entre 1968 et 2008, et semble bien porter son nom. En effet, le tout confirme l’intérêt indéniable du peintre pour une infinité de questions picturales, passant du processus à l’abstraction, sans oublier la forme et la "perception poétique, à travers laquelle la quête du sens reste fluide et la compréhension, incertaine et personnelle", pour reprendre les mots du créateur. Ses immenses grilles, datant de 1970, sont sans doute les oeuvres devant lesquelles le témoin s’arrêtera le plus longuement, à cause de la contenance de leur surface et de ce qui apparaît comme un travail exploratoire approfondi.
Dans l’autre salle, ce sont les toiles de l’artiste programmeur Eric Zse-Lang Chan qui piqueront la curiosité. Chan effectue ses tableaux à partir de données météo puisées dans Google, puis traduites en formats visuel et audio. Cette information, projetée sur son canevas, est codifiée selon une catégorie particulière (nuages, brume, pluie) et guide son coup de pinceau. S’ensuit un amalgame de couleurs éclatées et de gestualité engagée, sorte de performance appréciable qui, comme l’indique la brochure l’accompagnant, "sert d’intermédiaire entre le concept et la corporéité".
À voir si vous aimez / Mark Rothko, Vassily Kandinsky