L’île de Pâques : Découvrir le monde
Vous connaissez Rapa Nui? Au Musée d’archéologie et d’histoire Pointe-à-Callière, une expo retrace l’histoire et la culture de ce qu’on nomme aussi l’île de Pâques.
L’île de Pâques fascine depuis longtemps, depuis sa "découverte" (quelle expression idiote) par des Néerlandais en 1722. Dans le domaine des arts, les surréalistes s’en inspirèrent. Max Ernst collectionnait des statues de l’Homme-Oiseau. André Breton disait de l’île de Pâques qu’elle était "l’Athènes moderne de l’Océanie".
On a imaginé beaucoup de choses à propos de cette île. On a souvent expliqué le déclin de sa civilisation par le fait que les habitants de Rapa Nui y auraient coupé tous les arbres afin de continuer à déplacer sur des rondins les énormes (et célèbres) statues Moaïs de pierre. Certains ont voulu y voir une forme d’avertissement pour nos sociétés qui, à force d’exploiter leurs ressources premières, vont à leur perte. Les archéologues Catherine et Michel Orliac ont remis en question cette vision des Rapanuis "sciant la branche sur laquelle ils étaient assis"… Ces individus auraient été des précurseurs du développement durable, et la disparition des arbres sur leur île serait plutôt due à une grande sécheresse. L’anéantissement presque total de la végétation locale aurait été amplifié par l’introduction de lapins et de moutons par des Occidentaux au 19e siècle… Ceux-ci (les Occidentaux) ne furent pas tendres avec l’île et ses habitants. En 1862, c’était la moitié des Rapanuis (dont le roi et son fils) qui étaient kidnappés par des bateaux péruviens et réduits à l’esclavage.
Dans un film présenté dans le cadre de cette exposition, le cinéaste Henri Storck nous montre comment, encore en 1934, les archéologues, les anthropologues et même les marins pouvaient partir avec des têtes de statues et des artefacts avec l’absolue bénédiction des autorités chiliennes qui "géraient" cette île. Voilà le genre d’informations que l’on apprend en visitant Île de Pâques, le grand voyage, qui présente par ailleurs de nombreux artefacts dont des Moaïs de bois figurant l’Homme-Oiseau.
Sachez néanmoins qu’il s’agit d’une petite expo, qui tient dans une seule grande salle, et que le tarif d’entrée de 15 $ pourra sembler un peu élevé quand on sait que pour le même montant, on peut voir l’imposante expo Miles Davis au Musée des beaux-arts et que pour 5 $ de moins, on peut apprécier les quatre très intéressantes expos actuellement à l’affiche du Musée d’art contemporain.