Marc Nerbonne : Hantise animale
Dans l’exposition Le Clash des espèces, c’est à partir d’une foule de photographies d’animaux écrasés sur les routes du Québec que le Gatinois Marc Nerbonne construit ses tableaux. Inspiré d’un sujet environnemental pertinent – pensons au nombre de véhicules sur les routes qui augmente, aux réseaux routiers qui s’élargissent, à l’habitat faunique sur lequel on empiète, forçant ses petits résidants à franchir dangereusement les chemins pavés… -, le corpus parvient à instaurer subtilement une prise de conscience chez le spectateur, tout en le plongeant dans un univers particulier, à la limite de l’esthétiquement plaisant et du grotesque.
À certains endroits, des fragments bestiaux soigneusement choisis, tels le plumage d’un héron, la patte d’un porc-épic ou la fourrure d’un castor, sont fusionnés dans l’espace pictural pour se transformer de façon fantastique en des personnages à première vue macabres, et dont la réelle portée semble encore et encore échapper au témoin. Ce qui pousse à passer, à revenir et à repasser devant les ouvrages réside dans le fait que l’observateur connaît plusieurs des éléments qui s’offrent à lui (par exemple, l’environnement paysager de ces bêtes, délimité par de fines interventions au pinceau), mais que certains lui sont également étrangers. Ces silhouettes jouent-elles le rôle de protagonistes venus hanter et dénoncer les gestes fâcheux des conducteurs? Quelle est leur véritable identité?
À ne pas manquer, la pièce Le Sentier, réalisée avec une technique de clair-obscur qui laisse découvrir habilement le sujet ténu de la composition, ou encore la série Car Freshener, où la figuration centrale d’un renard inspire au créateur quatre fascinantes interprétations. À la Galerie St-Laurent + Hill, jusqu’au 28 juillet.
À voir si vous aimez /
Giuseppe Arcimboldo, Martin Ouellette