Valérie Guimond : Une seconde vie
Valérie Guimond sort de son placard des oeuvres des Heures lithiques pour les exposer à la Maison Rodolphe-Duguay.
L’artiste Daniel Victor devait occuper l’espace de la Maison Rodolphe-Duguay pour le reste de l’été. Cependant, à quelques jours du vernissage, il a annulé son exposition pour des raisons personnelles. C’est donc au pied levé que Valérie Guimond, Trifluvienne membre de l’Atelier Presse Papier, l’a remplacé. Pour l’occasion, elle présente une nouvelle version de son exposition Les Heures lithiques (Galerie d’art du Parc, 2006): Le Creuset des heures.
"Mylène Gervais, avec qui je travaille à l’Université, est membre, je crois, du conseil d’administration de la Maison Rodolphe-Duguay. Elle m’a appelée mardi pour me dire qu’une expo venait de s’annuler. Comme elle savait que ma démarche s’inscrivait bien dans la thématique [La mort, des expositions à vivre], elle m’a demandé si j’avais des oeuvres. Je lui ai répondu que, oui, j’avais toujours des oeuvres dans mon garde-robe ou sur le mur qui pouvaient fonctionner avec le thème. Le lendemain, je venais donc ici avec mes trucs", raconte-t-elle, alors que son petit garçon de 11 mois explore le lieu historique.
Dans Le Creuset des heures, la jeune femme reprend une douzaine de lithographies sur pierre et de dessins à la barre à l’huile de son exposition solo à la Galerie d’art du Parc d’il y a quatre ans. Elle admet qu’elle aurait pu y ajouter des créations plus récentes. "Mais ça ne fonctionnait pas nécessairement ensemble. Je ne voulais donc pas les mélanger. Présentement, ce que je fais, ça encercle moins le même sujet. Mon travail, c’est toujours à partir du même thème; ça tourne autour de la condition humaine, de la position dans l’espace." Cependant, elle y ajoute un autre niveau de lecture. Aux côtés de ses corps rachitiques, elle glisse tantôt des écritures illisibles, tantôt des objets usuels. "Par exemple, je pourrais prendre ce croquis-là, dit-elle en pointant une femme anorexique, et mettre une cerise verte à côté." Mais, après presque une demi-décennie, se sent-elle à l’aise d’afficher des fragments des Heures lithiques? "Des fois, on a fait un travail et ouach, on n’aime plus ça. Cette expo-là, je suis encore en accord avec elle. Peut-être parce que j’ai fait muter mon travail vers quelque chose de quotidien."
DES FEMMES
Si les oeuvres de Valérie Guimond cadrent bien avec la thématique estivale des institutions membres de Médiat-Muse, La mort, des expositions à vivre, c’est qu’elles mettent en scène des personnages anorexiques, dont la vie ne semble tenir qu’à un fil. Des femmes. "J’utilisais surtout la femme parce que j’aime beaucoup son anatomie. Aussi, celle qui posait pour moi, c’était ma soeur. J’avais juste à la maigrir par la suite. Je n’utilise pas vraiment l’emblème féminin. Je ne me suis jamais demandé si je pouvais faire des hommes. De toute façon, je maigris tellement mes personnages qu’on ne sait jamais si c’est un homme ou une femme." Surtout qu’ils ont le crâne rasé. "Dès qu’on met des cheveux, ça donne un effet romantique. Ça enjolive l’aspect, et je ne voulais pas", conclut celle dont certaines oeuvres voyageront prochainement jusqu’en Chine.
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