Certains prétendent que la ligne de partage entre culture populaire et culture d’avant-garde n’existe plus. La postmodernité aurait balayé tout cela. Tout comme le clivage "droite-gauche", la division entre "art commercial" et "art de recherche" serait dépassée… Certains disent même que le mot avant-garde n’est plus pertinent. L’expo Vidéomusique qui débute au Musée d’art contemporain (MAC), montrant 12 vidéoclips, pourrait même être utilisée comme preuve de cela. Pourtant, il y a encore des oeuvres simplement réconfortantes qui se contentent de réitérer des modèles d’images (et de discours) dominants et d’autres qui, au contraire, s’emploient à déconstruire ces modèles omniprésents. En fait, cette 5e édition estivale de Vidéomusique en est tout à fait la preuve.

La vidéo réalisée par la très à la mode Sam Taylor Wood n’est qu’un ramassis de clichés digne d’une revue à potins ou d’un magazine de décoration pour super friqués, tout comme la chanson I Want Love d’Elton John… Nous y voyons l’acteur Robert Downey Jr. dans une mise en scène qui paraît improvisée ou tout au moins tellement pauvre qu’elle semble inexistante. Comme à son habitude, Taylor Wood fait dans la vedette et dans le décor branché. Insipide.

À l’opposé, la vidéo Annemiek de Rineka Dijkstra est dérangeante. Il s’agit d’un plan fixe montrant en gros plan le visage d’une adolescente, gênée par ses dents remplies par des broches, qui fait du lip-sync sur la chanson I Wanna Be With You des Backstreet Boys… Au début, cela fait sourire, et puis, la chanson et la vidéo avançant, nous entrons dans le monde pas si merveilleux de l’adolescence. Un portrait du public visé par ces chansons populaires mièvres qui est loin de l’image polie et rassurante que les groupes pour ados représentent. Cette vidéo travaille à déconstruire un modèle dominant, tout comme celles de Pipilotti Rist, Benny Nemerofsky Ramsay… Cette édition de Vidéomusique est en fait la plus arts visuels et la moins culture populaire. Vous remarquerez que plusieurs vidéos mettent en scène du lip-sync fait par de simples individus, montrant comment nous nous approprions la musique au quotidien.

Une occasion de regarder autrement des vidéoclips, dans une atmosphère proche de la salle de cinéma, et de voir des vidéos peu ou pas diffusées à la télé et pas accessibles sur Internet.

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MusiquePlus et le Vidéographe