Jardins réinventés et /10 : Pousse, pousse, pousse
Cet été, l’art prend l’air à Sherbrooke avec les Jardins réinventés et /10, un projet de jardin signé Ron Benner. Après avoir semé, l’heure des récoltes a sonné.
JARDINS RÉINVENTÉS
Avec le thème "Le jardin situé" comme seul canevas, plusieurs artistes (en solo, à deux ou en grand groupe) se sont emparés d’un petit coin du parc de la Rive qui entoure la Maison des arts et de la culture de Brompton et y ont fait leur nid. Semées au début de l’été, certaines des installations in situ offrent de jolis fruits à cueillir.
Brigitte Roy, artiste émérite de la région, a truffé un arbre d’attaches de plastique, ce qui lui donne une allure de fragile colonne vertébrale, le Sherbrookois Jacques Desruisseaux et le Français Carlo Roccella ont fait équipe pour une ludique installation à l’allure faussement scientifique, la nature orchestrée par le duo Catherine Baas et Alexandre Baudouin a eu raison d’un mobilier laissé à l’abandon… Mais c’est l’installation Pousse vers de Guillaume Tardif qui remporte la palme de l’impact avec cette empreinte métallique qui trouve écho par un sillage sur le sol.
Malgré quelques jardins aux germinations sans grands éclats, cette troisième édition des Jardins réinventés se révèle la plus relevée, ce qui bonifie la valeur de l’événement, qui constitue une pertinente vitrine pour les arts visuels en région.
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La Galerie d’art Foreman nous a habitués à des expositions aux dimensions sociales et politiques. /10, un projet de jardin de Ron Benner, emprunte le même sillon et constitue un fertile terreau.
On peut considérer Benner comme un artiste qui voulait être agriculteur, mais qui devint un influent activiste en raison de son dégoût des méthodes de culture industrielles qui nuisent à la diversité. Évidemment, l’arrivée des OGM lui fait craindre le pire, soit une uniformisation des espèces, et cela trouve joliment écho dans ses jardins.
Dans celui qu’il a créé sur le campus de l’Université Bishop’s, des photographies et des écritures nous informent qu’il ne s’agit pas d’un jardin comme les autres; chaque graine semée se veut symbolique. Les plantes proviennent toutes d’Amérique afin de souligner qu’il s’agit d’un héritage des Amérindiens (leur essentiel apport en agriculture n’est aucunement reconnu). Dans une section, du maïs de différentes provenances (de Gaspé jusqu’au Pérou) se partage terre et soleil sans qu’il n’y ait de chicane. D’ailleurs, cette saine cohabitation prendra une tout autre signification le 19 septembre à 13h30, alors qu’une épluchette de blé d’Inde aura lieu aux abords du jardin. Toute la population y est conviée.
Quand l’art se laisse rouler dans le beurre et saupoudrer de sel, on ne peut que se régaler.
Jardins réinventés
À la Maison des arts et de la culture de Brompton
Jusqu’au 29 août
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À la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s
Jusqu’au 4 septembre
À voir si vous aimez /
Le jardinage, le land art, les installations extérieures