À vue d’oeil : En trois temps
Dans À vue d’oeil, les soeurs Céline, Diane et Huguette Noury nous partagent leur amour de la nature.
Il n’est pas toujours facile de jumeler travail et parenté. Avec l’exposition À vue d’oeil, les soeurs et artistes en arts visuels Céline, Diane et Huguette Noury ont tenté le coup avec succès. Au Vieux Presbytère de Batiscan, elles ont créé un véritable cocon où la nature se révèle d’une manière pour le moins singulière.
"La pensée profonde dernière notre exposition, c’est qu’on veut faire vivre aux gens que, quand on entre dans une forêt ou qu’on longe une rivière, on est vus, influencés ou pris en charge par ces éléments-là", explique d’entrée de jeu Céline Noury, d’une voix douce. "C’est un fait: on est littéralement regardés par les arbres."
Ces yeux sont d’ailleurs à la base de cette exposition collective. "Avec Diane, on a fait des photos: des hêtres, des bouleaux… Et on s’est aperçues que, quand les branches des arbres tombent, elles laissent des cicatrices qui forment des yeux." Emballées par leur découverte, les deux frangines sont donc parties à la chasse aux pupilles de bois. Et comme leur soeur Huguette bossait de son côté sur le thème des mystères et des fantômes de la rivière, elles ont senti que leurs travaux se répondaient, donc qu’elles tenaient là quelque chose d’intéressant pour un projet commun.
EN TRIO
À vue d’oeil est présentée en trois temps. "On a chacune notre personnalité dans le concept", souligne Céline. D’abord, on plonge dans l’univers de Diane Noury et de ses yeux dans les arbres: des gros plans étonnants, des regards profonds, des personnages inusités, des fragments de poésie. Puis, on avance vers le travail d’Huguette Noury, qui montre quelques bêtes mystérieuses qui proviennent de la rivière. La dame propose des clichés sensuels où prime le noir et blanc ainsi que des sculptures inspirées de la matière brute. Le voyage se termine avec les oeuvres de Céline Noury, des sculptures qui jumellent le bois et le verre et qui transforment notre regard sur la nature. "Le grand sculpteur, c’est le Créateur", soutient celle qui peut récupérer une vieille souche trouvée le long d’un cours d’eau ou une bûche à la forme intrigante. "On est regardés et on est vus. Il faut accepter l’idée qu’on est plus qu’influencés. Je pense qu’il faut se soumettre à ce qui nous est proposé. Pour moi, la façon d’aborder l’art, c’est ça aussi. Ça part de l’intuition, du travail de réinterprétation. Dans mon espace, c’est l’humain qui a subi des influences et qui s’est mis à transformer les choses, à les remettre en vie. C’est mon propos. C’est toujours ce que je fais de toute façon."
Et quelque part, Céline Noury espère qu’À vue d’oeil influence favorablement les visiteurs. "Je voudrais que leur regard soit transformé en relation avec la nature, qu’ils lui redonnent l’importance qu’elle a dans nos vies et qu’ils la préservent", conclut-elle.
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