Accrochées sur fond noir, dans un éclairage correspondant à la formalité de l’ambiance, les photographies qui composent l’exposition Corps en péril, à la Galerie SAW, se présentent telles de précieuses lorgnettes d’approche ouvrant sur le vaste et surprenant univers de la condition humaine. D’ici ou d’ailleurs, collective ou individuelle, cette condition est explorée sous l’angle photojournalistique et documentaire par des artistes en provenance du Canada, d’Espagne, de France, des États-Unis et du Royaume-Uni.

Le visiteur est ainsi accueilli par des propositions qui s’insèrent soit dans une lignée instructive (par exemple, les saisissantes épreuves de Lana Slezic, portant sur la situation féminine en Afghanistan, ou celles de Greta Pratt, qui photographie pour préserver le souvenir et éviter que la mémoire actuelle ne s’efface), soit de conservation de performances (Hélène Lefebvre, immortalisée par Jackson Couse, ce dernier ayant saisi les particularités intimes du moment performatif, ou Jana Sterbak, en pleine action dans une image percutante discourant sur la passion artistique), soit de tirages de toutes pièces montés (Paul Smith, qui se met en scène de façon répétitive dans une narrativité militaire, ou Yves Klein, semblant se précipiter tête première dans une rue de petit quartier.)

Une pièce à voir, et à revoir encore et encore, constitue la projection vidéo de Cristina Garcia Rodero, qui fait défiler de prodigieux exemples de tout ce qui anime et définit de façon universelle l’être humain: le rituel, le sacrifice, la mort, le désespoir, le rassemblement, la maladie… Une oeuvre révélatrice et engageante, tout comme l’exposition d’ailleurs, dont la qualité et la sobriété permettent ainsi de réfléchir et de s’imprégner des concepts proposés.

À voir si vous aimez /
Le World Press Photo, Lutz Dille