Jonathan Hobin : Les jeux de l’enfance
Le travail de Jonathan Hobin suscite des réactions. Entretien avec celui qui expose à la Galerie Dale Smith, dans le cadre de l’édition 2010 du Festival X de la photographie d’Ottawa.
Dans l’exposition In the Playroom, des enfants posent dans des scènes qui font référence à l’univers plus adulte de l’actualité, par exemple l’épisode du 11-Septembre. Il en ressort une ambiguïté qui intrigue: côté sérieux qui s’implante dans la chambre juvénile, représentation de la réalité conjuguée à l’artificialité des décors (l’artiste concevant tout, des costumes aux pochoirs sur les murs), sensationnalisme mêlé à la sphère privée… Jonathan Hobin nous fait part de ses réflexions.
Voir: Quelle importance accordez-vous aux enfants dans votre oeuvre?
Jonathan Hobin: L’enfance est une période particulièrement fascinante, une période d’inquiétude et de confusion, mais aussi de joie et de fantaisie, à travers laquelle nous découvrons les choses pour la première fois. Les enfants peuvent être honnêtes et perspicaces, fragiles et vulnérables, et c’est la combinaison de tous ces éléments que je trouve intéressante. Nous étions tous gamins, à un moment donné…
Quel lien faites-vous entre les modèles que vous photographiez et les événements que vous avez puisés dans l’actualité?
Les enfants, de près ou de loin, étaient présents lors de ces événements. Il faut réfléchir à ce qui peut les toucher, à l’impact des images véhiculées dans les médias sur leur perception. Ils ont peut-être des questions à propos de ce qu’ils voient, et nous sommes souvent incapables d’y répondre. Avec mon travail, je désire insister sur le fait que les enfants et ces événements coexistent.
Comment le public pourrait-il percevoir vos photos?
Certains apprécieront mon approche contemporaine et commerciale, d’autres l’aspect "actualité" auquel je fais référence. Et je sais que certains n’aimeront pas du tout!
Qu’est-ce qui pousserait quelqu’un à ne pas aimer?
Une réaction pourrait être: "Comment peux-tu faire ça à des enfants?" Le plus ironique, c’est que ces enfants ont pris plaisir à se faire photographier. Ils ont pu se costumer, jouer les acteurs, rencontrer d’autres enfants… Les gens sont inquiets car ils croient que les enfants ne devraient pas être confrontés à ce genre de choses. Pourtant, ils finissent, un jour ou l’autre, par savoir. Je ne dis pas qu’on doit absolument leur imposer l’information, mais nous avons tort de penser qu’ils n’ont pas déjà vu ces choses-là.
Quel rôle croyez-vous jouer en tant qu’artiste?
Mon travail doit pouvoir générer un dialogue. Je ne crée pas simplement par caprice esthétique, m’imaginant que ceci ou cela s’agencerait bien avec mon sofa. Il y a une intention derrière mes gestes. Si une oeuvre n’entraîne pas la conversation, c’est qu’elle ne valait pas la peine d’être conçue.
Êtes-vous davantage un enfant ou un adulte?
Un bon mélange des deux, mais ma personnalité relève davantage de celle de l’enfant. Vous savez, ce moment lorsque vous croyez que vous découvrirez enfin ce que c’est que d’être un adulte, je ne l’ai jamais ressenti. C’est le lien qui me rattache encore à mon enfance qui me permet de me rappeler les choses que je considérais magiques, et desquelles je suis tombé amoureux étant plus jeune. Et puis, nulle enfance n’a pu être purement plaisante et frivole… Je me suis donné comme mission d’en raviver l’aspect ludique, tout en étant conscient du fait que nous survivons aussi à cette période parfois difficile.
Jusqu’au 10 octobre
À la Galerie Dale Smith
Voir calendrier Arts visuels
À voir si vous aimez / Les photographies de Geneviève Thauvette et de Diana Thorneycroft
Festival X: peindre avec la lumière
L’édition 2010 du Festival X de la photographie d’Ottawa prend l’affiche jusqu’au 3 octobre. Cette année, les adeptes de créativité et d’innovation dans la discipline photographique sont rassemblés suivant la thématique "Inclure/exclure: La photographie contemporaine et la politique de la différence". Comment les lignes directrices du thème seront-elles abordées? Une foule d’activités permettront de répondre à la question, comme l’exposition de Jackson Couse, organisée par le Centre de production Daïmon, celle à la galerie Wall Space mettant en vedette les travaux d’étudiants de la School of the Photographic Arts: Ottawa, ou la conférence d’experts qui fera le pont entre les pratiques contemporaines et le thème central, le 2 octobre. Pour la liste complète des événements: www.festivalx.ca.