Jusqu'à ce que la mort vous sépare : Six mariages et un enterrement
Arts visuels

Jusqu’à ce que la mort vous sépare : Six mariages et un enterrement

Dans Jusqu’à ce que la mort vous sépare, la commissaire Marie-Andrée Levasseur a demandé à six artistes québécois de créer une robe de mariée.

Il y a deux ans, alors que les membres de Médiat-Muse jetaient les bases de l’exposition territoriale La mort… des expositions à vivre!, Marie-Andrée Levasseur, responsable du Centre d’exposition Raymond-Lasnier, avait une intuition. Sans trop savoir d’où lui venait cet éclair de génie, elle décidait de mettre sur pied une exposition qui s’articulerait autour de la robe de mariée et qui porterait le titre de Jusqu’à ce que la mort vous sépare.

Six artistes québécois, dont trois de la région, ont été invités à relever le défi: Jo Ann Lanneville (Mauricie), Steven Renald (Chicoutimi), France Séguin (Ottawa), Geneviève Baril (Mauricie), Josette Villeneuve (Mauricie) et Geneviève Lebel (Québec).

"Vu qu’ils sont six artistes, c’était un petit peu compliqué de les mettre côte à côte dans l’espace. Alors, on a décidé d’en profiter. La salle est très polyvalente. On a ajouté des cimaises pour refaire des murs, des sections, et on a créé comme des cabines d’essayage. Donc chaque artiste a vraiment son espace. Il n’est pas influencé par l’oeuvre des autres. Et c’est ce qu’on voulait: des mini-interprétations du thème", explique la commissaire de l’exposition. Des interprétations qui vont dans toutes les directions. "Les artistes ont tous une vision différente du thème, car leur travail est en lien avec leur propre démarche."

SIX VOIX

Les oeuvres de Jo Ann Lanneville ouvrent la visite sur une note de rêve: trois tableaux aux couleurs éclatées surplombent trois robes blanches brodées des mots de la poétesse Monique Juteau. "Elle a travaillé avec Monique Juteau, mais ce n’est pas lié au Festival de la poésie", insiste Marie-Andrée, qui rappelle que la Trifluvienne a l’habitude de collaborer avec des écrivains.

Suivent les créations de France Séguin. À partir de diapositives, celle-ci a conçu un corset et une armure vides qui suggèrent l’idée de mort ainsi qu’une vivante robe de mariée, où chaque petite image du négatif correspond à une partie du corps.

Steven Ronald, lui, propose un vêtement un peu plus androgyne: un tuxedo doté d’une longue traîne qui semble voler vers l’autel. "Steven fait du mail art. Il demande à du monde de lui écrire des lettres. Cette fois, il a demandé à des gens de lui écrire des demandes en mariage. Donc, il a créé sa traîne avec toutes ces demandes en mariage. Les visiteurs peuvent prendre le temps de les lire. Ce n’est pas juste à l’ordi. Chaque personne a pris le temps de le faire à la façon papier, avec l’écriture et tout."

Puis, Josette Villeneuve, reconnue pour son travail avec les étiquettes de vêtements, propose son concept. "Elle, le thème, ça lui rappelait quand elle était jeune et qu’elle habillait ses poupées avec les trucs en papier qu’on plie." Ainsi, en plus d’un album de noces revisité, la Mauricienne a conçu d’intéressants collages qui font allusion à ces jeux d’enfants.

Geneviève Baril, quant à elle, n’est pas tout à fait d’accord avec le titre de l’expo. Selon elle, la mort ne sépare pas. Elle s’insère plutôt dans "une suite de phénomènes qui se renouvellent sans cesse dans un ordre immuable". "Geneviève a fait une traîne en roses. Près de 4000 roses qui vont finir de s’ouvrir d’ici demain. Après ça, elles vont faner et mourir", explique Marie-Andrée. "Ça prend une semaine et demie avant qu’elles changent de couleur, flétrissent et sèchent", souligne l’artiste, qui est sur les lieux ce jour-là. "J’ai un appareil qui prend des photos à toutes les 10 minutes pendant l’exposition. Après ça, je vais pouvoir faire une espèce d’animation sur le mouvement de la rose."

Avec un bûcher réalisé à partir de chaises de cuisine et d’oranges, Geneviève Lebel pose finalement un regard plus critique sur le mariage. "Elle, elle a été du côté plus chrétien: le sacrifice. Si tu veux un beau mariage, il faut que tu y donnes du tien, que tu fasses des efforts. Ce n’est pas gagné d’avance…", souffle la commissaire.

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