Du Greco à Dalí : La peinture espagnole de A à Z
Alors que s’ouvre aujourd’hui au MNBAQ l’exposition très attendue Du Greco à Dalí: les grands maîtres de la collection Pérez Simòn, nous y avons déjà fait incursion pour vous.
Depuis un certain temps, il est vrai que nous affichions des réserves quant aux oeuvres d’art ancien proposées de façon ponctuelle dans notre musée national. Pour la présente exposition, les réserves se sont estompées devant les splendeurs de Murillo et surtout de Ribera. De fait, même s’il n’y avait de ce dernier que le splendide Saint Jérôme en clair-obscur, l’exposition vaudrait encore le détour. Pour l’esthète, tout est là, dans ce vigoureux et fluide tourbillonnement de pigments.
Il y a aussi l’incontournable Dalì, avec sa surprenante Étude pour la "pêche au thon" retenant la leçon de quelque Rubens… Que ce soit dans l’équilibre des tons, la composition compliquée ou la matière en lavis délicat, la citation est convaincante et nous réconcilie avec la peinture du maître. À l’opposé, que dire du grand Tapiès et du petit dessin de Mirò? Tous deux sont d’une impeccable et efficace simplicité. Sympathiques oeuvres cubistes de Gris et Picasso et belles découvertes aussi que sont les pièces post-impressionnistes de Sorolla. Retenons enfin le peintre Camarasa, avec sa luxuriante fête foraine d’une palette fauve et pétillante… Le tout présenté dans un design qu’on oublie, un signe de la réussite sur ce plan. Muy bien!
Quelques regrets mineurs, dont le premier porte sur l’esquisse lilliputienne du Greco, seule oeuvre de ce maître exposée. Puisque des pièces plus anciennes la précèdent, on se dit que tant qu’à choisir une "vedette" pour le titre de l’exposition, les Ribera ou Murillo auraient peut-être pu servir pour fixer le très long intervalle de la collection? Cela, pas seulement pour leur format, mais bien parce que ce sont des oeuvres permettant d’apprécier tout leur talent.
Autrement, outre le titre, il y a les thématiques qui continuent d’agacer ceux qui recherchent substance et profondeur. Oui, les cartels pour chaque oeuvre permettent d’approcher avec un peu plus de précision la peinture pour elle-même, mais ils auraient gagné à être encore un peu plus longs, enrichis de considérations sur la facture par exemple. Se servir de l’esthétique et de la plastique comme fil conducteur demeurera toujours la clé pour accéder à une compréhension plus pénétrante. On n’en dira jamais assez sur cela, car c’est là que l’on peut saisir pourquoi, de tous les artistes, l’histoire retient ces noms précis.
Sans nier qu’il s’agisse là d’une collection particulière respectable et qui, on l’espère, saura s’enrichir encore, deux grands absents y sont regrettés. À titre de suggestions pour M. Simòn: pour avoir un aperçu complet de la peinture d’Espagne, il vous manque un bon Vélasquez et l’un des plus admirés caravagistes dont le prénom commence par un Z. Vous devinez? À suivre… (P.-S.: Pour ceux qui seraient tentés par l’humour, Zorro n’était pas peintre.)
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