Massimo Guerrera : Atelier vivant
Arts visuels

Massimo Guerrera : Atelier vivant

Fraîchement revenu de la Biennale de Liverpool, Massimo Guerrera se trouve actuellement à l’UQAC, où il présente une exposition jusqu’au 22 octobre.

Massimo Guerrera a l’habitude de déployer ses projets à long terme, faisant pousser des branches sur plusieurs années. Avec La Réunion des pratiques, il cultive un nouveau jardin d’exploration artistique. L’OEuvre de l’Autre l’accueille en ses murs pour qu’il y dépose son atelier nomade. Traits d’union entre visible et invisible, ses oeuvres démontrent une liberté pleine de maturité. On peut découvrir notamment des dessins numérisés et agrandis marouflés sur toile, véritables dialogues entre la main et l’ordinateur, et dans lesquels on sent la pratique en gravure de l’artiste.

Le visiteur a l’impression, en entrant dans la galerie, de débarquer en plein montage d’exposition. Comme l’artiste l’explique, il s’agit de la nature même de son travail: "Il y a un aspect qui s’appelle le montage et l’installation. Je réfléchis à ce moment particulier. C’est l’entame d’une série de projets dans lesquels le montage lui-même va être l’exposition, où le montage va durer toute l’exposition." Pas de malaise donc, entrez hardiment dans ce laboratoire qui donne une impression de chaos organisé. Sur la durée dans ses oeuvres, Guerrera fait remarquer: "Ce que j’essaye de faire, c’est un processus d’attention continue qui ne dure pas juste un moment. J’aime bien l’idée de l’art et la vie. Il n’y a pas qu’un moment extraordinaire, quand il y a des projecteurs. Tous les moments peuvent être significatifs." Cette notion vient directement d’une discipline qui, réunie avec la pratique artistique, forme le coeur de la recherche de Massimo Guerrera. Il s’agit de la méditation, qu’il alterne avec le geste créatif dans son espace de travail. Lorsqu’on lui demande ce que cette durée lui apporte en tant qu’artiste, il répond: "À un moment donné, j’ai vu que certaines choses ont besoin de temps. En travaillant sur le long terme, ça permet un approfondissement, et aussi d’assumer que la question ne sera pas nécessairement résolue. Mais au moins, on réalise son épaisseur et sa complexité." Cette question qu’il mentionne est propre à chaque artiste et appuie sa démarche. Elle revient toujours, dans différents habits, mais fondamentalement la même.

Le titre La Réunion des pratiques fait référence à l’oxygène du projet: ce qui surgit des rencontres vécues par l’artiste pendant sa résidence-exposition. Échanges de paroles et d’objets, partage d’espaces-temps, mais également rendez-vous avec lui-même dans une "solitude habitée". "Je crée des lieux de rapports, avec toute la complexité de ce que ça veut dire être avec l’autre", résume-t-il. Guerrera anime parallèlement un séminaire pour les étudiants de la maîtrise en arts. On peut donc se demander si ces derniers agissent comme une nourriture pour son projet actuel: "Tout à fait. Je travaille sur ces questions de rapport à l’autre, comment on est traversé par l’autre, et la transmission devient un partage. C’est vraiment de faire résonner des choses ensemble."

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Les montages d’exposition, l’art relationnel, la méditation