Amélie Laurence Fortin : La force brute
Amélie Laurence Fortin s’est largement inspirée d’Internet pour créer les quatre gravures de son exposition Spacieuses et luxueuses.
L’expo Spacieuses et luxueuses, présentée au Centre de diffusion Presse Papier, regroupe quatre gigantesques gravures sur bois. Leur auteure, Amélie Laurence Fortin, plus versée dans le dessin et l’installation, avoue être aboutie à cette technique à la suite d’un séjour en Orient.
"Je voyage énormément. Et quand je suis nomade, le dessin, c’est ma forme d’expression. Lors de mon séjour en Asie en 2009, j’ai développé une nouvelle façon de travailler mon dessin. Il est devenu plus sérieux, plus fort. En regardant ça, je me suis dit que ça ferait de la bonne gravure. Aussi, j’avais envie d’explorer une technique qui n’était pas la mienne. C’est tellement le fun: ça te sort de tes habitudes, te place dans le doute et ça peut te permettre de faire des choses auxquelles tu ne t’attendais pas. C’est magique!" confie-t-elle.
La jeune femme souligne du coup que l’inspiration initiale de Spacieuses et luxueuses a été Internet. "En fait, je travaille depuis deux ans à partir de ce média. C’est ma source fondamentale d’images. Chaque fois que je vais sur Internet, j’ajoute de 10 à 15 clichés à ma banque. Ce sont toujours des images qui me font rire ou que je trouve vraiment troublantes."
Ici, les photos qui ont retenu son attention sont celles d’un cachalot échoué sur une plage, de deux loups prêts à se battre, d’un ovni et d’un arbre. Des images qui, aujourd’hui, n’étonnent plus, tant la Toile propose des choses incroyables. "Par exemple, un ovni, même si c’est un peu bizarre, c’est devenu une banalité. On est habitués de voir ça. On est habitués de voir une baleine qui s’échoue, des animaux qui s’attaquent… Il reste que ce sont des phénomènes qui révèlent beaucoup de force." Tout comme le travail de l’artiste. Amélie Laurence admet d’ailleurs s’intéresser à l’énergie brute. Alors, pourquoi avoir gravé un arbre? "Il y a deux gravures qui ont été faites avant le voyage que j’ai effectué en Alaska cet été, et deux après. L’arbre a été créé avant. À ce moment-là, j’étais dans une période où je travaillais très fort pour de grosses expositions. J’étais super fatiguée. Quand je gravais l’arbre, j’avais un doute. Mais je m’étais dit: "Je vais le faire quand même." Car ce que je trouve intéressant dans les séries – l’arbre fait partie d’une série -, c’est quand on a un endroit de repos, une oeuvre où on peut reprendre son souffle."
Difficile aussi de ne pas la questionner sur le format plutôt énorme de ses gravures. "L’intensité, c’est important pour moi. J’aime que les gens soient confrontés à quelque chose de grand, pas qui les dépasse, car je ne pense pas être Léonard de Vinci, mais quelque chose de grand, dans lequel ils peuvent entrer comme dans un paysage", conclut la diplômée en arts de l’Université Laval.
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