Melissa Doherty : Les forêts enchantées
Dans Tour d’horizon, les peintures de Melissa Doherty nous plongent dans des univers aux beautés anonymes. Alice n’est plus la seule à connaître le chemin qui mène au pays des merveilles.
Si vous êtes d’avis que les peintures de paysages ne peuvent pas faire partie de la grande famille de l’art contemporain, une initiation au travail de Melissa Doherty changera votre idée préconçue. Diplômée de l’Université de Waterloo et récipiendaire de nombreuses distinctions nationales, cette jeune artiste ontarienne revisite la représentation de la nature qui nous entoure en se jouant de notre perception de la réalité, devenue floue et distante. Que ce soit par des vues aériennes de forêts composées de bosquets taillés à la perfection ou d’arbres luxuriants qui semblent figés dans le temps, la peintre propose une expérience sensorielle unique, un trompe-l’oeil d’un rare raffinement.
Au premier regard, on peut croire que les peintures de Doherty sont en fait des photographies, des images numériques. L’évocation de cette confusion fait plaisir à l’artiste. "J’aime l’hyperréalisme, abonde-t-elle. Je veux que ce soit exact. Certains artistes créent tout à partir de leur imagination. Dans mon cas, je trouve que ce que je vois est tellement spectaculaire que je veux tout prendre."
Même si les univers de Melissa s’inspirent du réel, un voile de mystère et de pureté les entoure. "Les paysages traditionnels impliquent de vastes panoramas qui n’ont pas de frontière. Avec ma série Aerials [composée de paysages vus du ciel], j’explore une autre perspective. Ça devient davantage introspectif, intime, vulnérable. Pour en arriver là, je devais mettre la tradition de côté et aborder le paysage d’une autre façon."
Son principal outil: Google Earth. "Mon intérêt pour les plans aériens part de mes trajets en avion. Je suis montée dans une montgolfière à quelques reprises; ça m’a aidée à développer cette perspective. Ensuite, on m’a parlé de Google Earth. J’ai passé beaucoup de temps là-dessus; ça n’avait pas de fin. Habituellement, il faut se rendre dans la nature avec son équipement et chercher les paysages, mais avec Google Earth, je pouvais continuer de fouiller, mais à partir de chez moi. Les technologies nous font voir les paysages différemment." L’exposition Tour d’horizon nous plonge dans cette nouvelle vision du territoire.
Toutefois, il ne faut pas penser que l’artiste tourne le dos aux traditions. "J’y retourne à l’occasion. Encore aujourd’hui, certaines de mes peintures ont une allure plus traditionnelle. Ce qui revient constamment dans mon travail, ce sont les détails, la texture des paysages."
Mais la texture des peintures de Doherty n’est qu’illusion; elle est simulée. "C’est une technique traditionnelle avec de la peinture à l’huile. Lorsque je termine une couche, je nivelle le tout avec une brosse. Ensuite, je répète les étapes en ajoutant toujours plus de détails."
Une économie de couleurs (principalement du blanc et du vert) aide le spectateur à apprécier cette richesse. "Je ne voulais pas que les couleurs capturent l’attention au détriment du reste, mais au final, dans la salle du Musée des beaux-arts, le vert crée tout un impact! Les couleurs feront partie de mes prochaines explorations…"
À voir si vous aimez /
La peinture contemporaine, la photographie aérienne, les paysages