Robert Davidson : L’aigle de l’aurore
Robert Davidson est une figure clé de la renaissance de l’art haïda. Entretien avec celui qui a collaboré à l’exposition retraçant les objets de sa culture, présentée au Musée canadien des civilisations.
L’exposition Haïda. Vie, âme et art renferme une série d’artéfacts utilisés aux 18e et 19e siècles par les Haïdas, un peuple autochtone de la côte nord-ouest du Canada. Du récipient cérémoniel aux sculptures en argilite, la présentation comporte aussi quelques oeuvres contemporaines de Robert Davidson, un artiste multidisciplinaire de réputation internationale dont le travail se retrouve aussi dans les collections de la Vancouver Art Gallery et du Musée des beaux-arts du Canada.
Ses oeuvres bidimensionnelles, tout comme celles de l’art haïda, se caractérisent par l’addition de lignes de contour qui s’étendent sur l’espace dessiné et parmi lesquelles deux configurations principales, le U et l’ovale, dominent. "Ces formes sont inspirées de la nature, souligne le créateur, des plumes aux coquilles de moule, en passant par les traces laissées par les vagues sur la plage."
Lorsque celui dont le nom haïda signifie "aigle de l’aurore" travaille sur un dessin ou une peinture, il planifie chaque geste. Mais il reconnaît qu’avec le temps, l’image peut aussi subir des transformations. Un corbeau constituant son idée de départ peut tout à coup arborer les traits d’une autre créature, amenant Davidson à compléter l’oeuvre en tenant compte de cette double réalité. "L’art haïda est souvent empreinte de cette dualité", commente le sculpteur, peintre, graveur et joaillier.
Récipiendaire du Prix du gouverneur général en arts visuels et médiatiques 2010, il reste pragmatique lorsqu’on lui demande s’il trouve que la scène de l’art contemporain laisse assez de place à l’art autochtone. "Je crois que la responsabilité revient aux artistes. C’est à nous de créer notre place et de la mériter. Ce n’est pas quelque chose que nous pouvons exiger. Et c’est un défi pour moi de faire connaître mon travail dans cette sphère occidentale, et de le faire valoir."
L’homme de 63 ans esquisse un sourire à propos des tatouages inspirés de l’art haïda. "Au début, ils m’ont dérangé parce qu’ils étaient en fait des copies de mes designs… Mais avec le temps, j’ai appris à laisser aller. Tenir à quelque chose de la sorte requérait trop d’énergie et m’empêchait de créer. Maintenant, c’est davantage avec un oeil amusé que j’observe cet engouement."
L’exposition, agrémentée de ses pertinents commentaires, comprend aussi une vidéo qui le montre en pleine action dans son atelier.
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