Mario Duchesneau : Retour aux sources
Le Lobe reçoit un invité de marque dans le cadre de sa résidence artiste senior. L’eau a coulé sous les ponts depuis que Mario Duchesneau a terminé ses études à l’Université du Québec à Chicoutimi.
En présentant l’exposition Dévier au Lobe, Mario Duchesneau fait un retour dans la ville où, il y a une trentaine d’années, il a étudié l’art à une époque de grande effervescence.
C’est en 1984 qu’il amorce sa carrière en participant à Art et écologie, un événement de création qui lui permet de réaliser une oeuvre hors du commun. Grâce à un système de poulies, il recueille l’eau qui passe sous le pont enjambant la rivière Saguenay et l’utilise pour "peindre" ce même pont! C’est ce qu’on appelle faire sa marque sans laisser de traces… Qu’a-t-il fait ensuite? "Je n’avais pas d’atelier. Je suis parti au Yukon et j’ai passé tout l’été à faire des oeuvres dehors, du land art", se rappelle-t-il. Il obtient une première résidence à Banff en 1986. "J’ai pu transposer dans un milieu social et culturel ce que j’avais fait au Yukon et que personne n’avait vu." Duchesneau semble apprécier particulièrement les résidences d’artistes. Qu’est-ce qui lui plaît tant dans cette façon d’aborder la création? "C’est de travailler avec un nouvel espace. Ça me donne aussi l’occasion de travailler avec d’autres matériaux que ceux avec lesquels je suis habitué."
Après avoir conçu une oeuvre-cuisine à l’OEil de poisson cet été, dans la maison délurée qui soulignait les 25 ans du centre de Québec, Duchesneau se lançait dans un nouveau projet. "En arrivant au Lobe, ce qui m’a beaucoup frappé, c’est le plancher." C’est ainsi qu’il a eu envie de travailler près du sol pour la pièce maîtresse de Dévier. Il s’agit d’une sphère construite avec des éviers en acier inoxydable, posée sur une mer de vaisselle cassée. L’artiste en est à sa troisième sculpture de forme sphérique. La première a été réalisée au Mexique avec des cages dorées de coqs de combat, la deuxième était constituée de pots de plastique servant au jardinage. Chaque fois, il relève le défi d’assembler des objets en leur faisant perdre leur valeur fonctionnelle pour qu’ils gagnent en poésie.
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ÉCLATS
Les objets s’agglomèrent de façon organisée chez Mario Duchesneau. Ils atteignent leur plein potentiel à l’air libre, mais s’acclimatent bien à l’espace du Lobe, dont les dimensions permettent une distance entre chaque oeuvre. Ces dernières sont en dialogue bien qu’elle soient autonomes. Scène de ménage figée, remous et débordements, fenêtre avec vue sur rivière ou tuiles de linoléum marbré, toc raffiné, zodiac mou qui lève le nez. Regardant les étoiles, on pense à ce qui existe de plus précieux, d’inatteignable. La Grande Ourse du sculpteur est faite de "vis étoiles" et de fil électrique. Tiens, il y a une prise juste en dessous. Peut-on brancher une constellation pour l’allumer? Le travail de Duchesneau enclenche une réflexion sur le pouvoir de la matière de passer du noble au simple et du simple au noble à travers l’art.