Claude Bolduc : Tableaux de l’inconscient

Mettons une chose au clair. Le Claude Bolduc qui expose présentement au Centre culturel Pauline-Julien n’est pas l’animateur du 106,9 FM qui pousse parfois la chansonnette. En fait, le seul lien que l’artiste originaire du Saguenay entretient avec la radio, c’est par l’intermédiaire de sa fille Émilie Bolduc, employée à Rock Détente. Quoique volubile, l’homme, qui a jadis bossé comme facteur et dans un hôpital à Genève, peint plutôt à temps plein.

Quand on demande à Bolduc depuis combien d’années il s’adonne à son art, il répond avec une précision étonnante: "J’ai commencé le 4 janvier 1987. C’est curieux – et je l’ai su plus tard -, le 4 janvier, c’est la date d’anniversaire du peintre Arthur Villeneuve." Un homme qui s’est révélé une grande inspiration pour lui. "Depuis que j’avais, disons, cinq ans, j’avais envie de dessiner. Mon père, dans le temps, me disait: "Tu dessines comme Arthur Villeneuve." Alors, le jour où, par hasard, j’ai commencé à passer le courrier chez lui, je me suis mis à lui parler. J’admirais son audace. Moi, je ne me voyais pas comme un peintre parce que je ne savais pas dessiner académiquement. Étant autodidacte, j’ai tout appris par moi-même. J’avais tellement envie de m’exprimer que j’ai quand même commencé à peindre. Et à partir de ce moment-là, aucune critique ne m’a influencé. C’était à prendre ou à laisser. Au début, ce que je faisais, c’était dans l’état d’esprit des artistes bruts. Même si c’était mal fait, ce n’était pas grave. Et ça a rapidement intéressé des gens parce que ma démarche était sincère."

DEUX MONDES

Ses tableaux, qui rappellent l’univers de Jérôme Bosch, renvoient à l’intangible. "J’ai toujours cherché à peindre quelque chose qui ressemble au subconscient, qui illustre ces êtres invisibles qui sont autour de nous et ce qui nous dépasse." Une démarche qui n’est pas sans dévoiler une certaine spiritualité. Plusieurs références à la religion catholique et au judaïsme apparaissent d’ailleurs dans ses toiles, où deux mondes se côtoient toujours. "En général, on a une anecdote ou un sujet que j’ai envie de traiter en avant-plan, et qui est plutôt en couleur. Et le fond, qui est moins coloré, ça représente le subconscient."

Dans le travail du peintre, témoin fidèle de son époque, on sent une forme de critique sociale. Le référendum de 1995, le déluge au Saguenay et Dolly, la première chèvre clonée, sont quelques-uns des sujets auxquels Bolduc a donné un nouvel éclairage.

À voir si vous aimez /
Frida Kahlo, Jérôme Bosch, Arthur Villeneuve