Francis Arguin / Sébastien Cliche : De l'ambiguïté
Arts visuels

Francis Arguin / Sébastien Cliche : De l’ambiguïté

Décidément, l’OEil de poisson offre en ce moment dans ses salles une intéressante confrontation entre deux artistes: Francis Arguin et Sébastien Cliche, dont les oeuvres présentent de belles affinités.

En premier lieu, il y a l’installation Mes économies de Francis Arguin qui a su profiter au maximum de l’exiguïté de la petite galerie. C’est dans ce minuscule réduit que l’artiste a su placer un vertigineux amoncellement d’étranges objets s’élevant dans un équilibre précaire. Ceux qui le connaissent pour ses performances ludiques, jouant sur l’ambiguïté des symboles graphiques comme modes de représentation, se douteront que les objets usuels ou industriels utilisés dans cet assemblage ont été recréés de toutes pièces. Avec ses pintes de lait démesurées, ses fausses briques colorées et ses caisses de lait dessinées, Arguin nous immerge dans un environnement artificiel rappelant l’esthétique de la bande dessinée. Un lieu feint où la multiplication de morceaux d’irréalité accentue le malaise devant un écroulement imminent de l’ensemble qui, on s’en doute, ferait autant de bruit qu’une tonne… de plumes.

Suivant cette lancée, le coup de coeur de l’automne ira certainement à Sébastien Cliche qui présente, dans la grande galerie attenante, son installation Microdrama, un délire paranoïaque post-apocalyptique fort bien ficelé. Cet artiste, qui mise lui aussi sur l’ambiguïté des modes de représentation, propose un univers simulé où on fait l’expérience d’un monde pas si loin du nôtre. Un endroit où la surveillance électronique est omniprésente, où la fin du monde nous semble imminente. Mythes urbains et inconfort s’inscrivent dans ce lieu proposant une étonnante multiplicité d’interprétations et d’interrogations: Qui regarde qui? À qui était destiné ce dispositif et dans quel but? À vous d’en faire l’expérience…

N’oublions pas que le tout est présenté avec une entrée vidéo d’Andréanne Fournier, une artiste montréalaise qui utilise des situations angoissantes comme matériau plastique. En soulignant les contours des sujets (chiens en lutte et autres motifs), elle en renouvelle la lecture de façon à étudier les limites de la suggestion et de l’abstraction. Hâtez-vous.

Jusqu’au 5 décembre
À l’OEil de poisson
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