Edward Burtynsky : Brève Arts visuels 2010-11-18
Dans le champ des arts visuels, la photographie documentaire a pris un étrange tournant. Des artistes qui avaient commencé leur carrière en optant pour une forme de description-dénonciation de la réalité peu jolie de notre monde ont développé un art embourgeoisé. Candida Höfer, pourtant formée par Bernd et Hilla Becher, a produit des photos esthétisantes de lieux somptueux (Versailles, le Louvre…). Elle n’est pas la seule de l’école de Düsseldorf à avoir pris cette direction. Andreas Gursky et Thomas Struth ont fait de même, élaborant une photographie qui, pour reprendre une phrase de Barthes, "tire son prestige de l’objet qu’elle a capturé", le format gigantesque de leurs photos ajoutant encore plus de majesté à leurs sujets.
L’artiste canadien Edward Burtynsky a, quant à lui, poursuivi son travail photographique engagé, visant à exposer la dure réalité de la vie sur notre planète: dépotoirs, mines, lieux industriels, champs pétrolifères ayant défiguré le paysage… Sa plus récente série intitulée Gulf Oil Spill nous met en face des désastres de la marée noire du golfe du Mexique. Certes, ses images ne sont pas exemptes de beauté, mais celle-ci sert ici justement à accentuer le malaise chez le spectateur. Dans ses photos prises par hélicoptère, vous verrez un écart gigantesque entre les installations pétrolifères (pourtant de taille imposante) et l’immensité de la nappe de pétrole.
Malgré ce que certains peuvent dire, celle-ci n’a pas disparu; elle s’est juste enfoncée dans les profondeurs de l’océan. Bombe à retardement? Dans un reportage récent à la télévision française, on expliquait comment BP a limité l’accès au golfe et aux plages aux journalistes et photographes… Voilà donc une série encore plus importante. À la Galerie Art45.