Catherine Plaisance : Prototypes d'une catastrophe annoncée
Arts visuels

Catherine Plaisance : Prototypes d’une catastrophe annoncée

Véritable Cassandre d’une mythologie de notre temps, Catherine Plaisance montre la voie pour les jeunes artistes cherchant dans l’art une façon personnelle de saisir le monde.

Ceux qui ont eu l’occasion de visiter cet été l’exposition Accident, créée en marge de la Manif d’art dans les insolites locaux d’un ancien fabricant de fourrures, se souviendront sans doute des "dioramas" miniatures de Catherine Plaisance. Soit ces énigmatiques "terrariums" représentant diverses catastrophes naturelles à venir et où l’ambition de l’artiste était de montrer "la faillite des médias à rendre compte d’une tragédie ou d’un drame humain dans tous ses aspects et son ampleur".

Interrogée à ce sujet, la jeune femme nous confiait aussi qu’il s’agissait pour elle "de mieux se représenter la catastrophe, de s’y donner prise, comme pour se préparer à la vivre". "Comme si ces oeuvres pouvaient nous informer sur la façon de réagir à des événements probables, je voudrais qu’elles agissent comme des métaphores nous aidant à mieux appréhender et prévoir nos comportements face aux drames quotidiens, petits ou grands." Pour ce faire, elle reprend donc "les codes de présentation des "dioramas" des musées d’histoire naturelle où, par contrastes d’échelle, nous devenons des géants". Elle investit ces codes "du lexique catastrophique afin de créer des scènes fictives, mais qui auraient pu se produire en réalité".

Un fait, fort révélateur de la pertinence de ces oeuvres, s’était d’ailleurs produit au moment où ces maquettes étaient présentées. Coïncidence étrange, un terrible glissement de terrain se produisait à Saint-Jude et les images diffusées par les médias semblaient avoir été calquées par une des oeuvres, comme issue d’une étrange prémonition… De fait, puisque, selon ses propres mots, "chaque maquette est associée prospectivement à des dates et à des lieux, pour lui donner un caractère divinatoire", cela ne pouvait que renforcer cette inquiétante perception.

Autrement, pour ceux qui n’auraient pas eu la chance de les admirer, l’occasion se renouvelle grâce à Relève en Capitale, du 7 au 12 décembre. Cet événement tenu dans une dizaine d’endroits de la ville proposera au public les oeuvres de 200 artistes de sept disciplines. Soit les créations les plus probantes des artistes soutenus par le programme Première Ovation, dont Catherine Plaisance fait partie. Comme elle nous le décrivait, c’est justement grâce à cette mesure qu’elle avait obtenu une bourse à titre de commissaire-artiste – avec deux autres de ses collègues, Josée Landry Sirois et Émilie Roi -, ce qui les mena à l’organisation de l’exposition Accident. C’est donc dans ce contexte particulier que seront présentées de nouveau ces oeuvres de Catherine Plaisance, devenue une des figures exemplaires de la relève, une preuve que la persévérance peut mener à créer des pièces aussi cohérentes qu’originales.

Programmation complète sur premiereovation.com

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