Carol Dallaire : Plus que du bonbon
Au magasin "Plus-que-du-bonbon", les gourmands de l’art dégustent les oeuvres de Carol Dallaire. Sucrez-vous l’intellect!
Quel bonheur d’avoir été accueillie dans la salle Les Amis du CNE par une petite troupe, qui s’empressait de me faire découvrir ses sculptures préférées avant de se faire rappeler par l’institutrice pour rejoindre l’autobus. Vraiment, voir tant d’enthousiasme chez ces enfants qui venaient de passer un temps précieux avec Carol Dallaire réjouissait mon coeur d’amoureuse de l’art. Il faut dire que l’artiste sait démocratiser la création sans l’affaiblir, et que Monsieur Dallaire à la montagne forme un corpus rafraîchissant. Sous une apparente simplicité (couleurs vives, matériaux pauvres, dessin spontané), ses oeuvres transmettent l’humour, l’esprit et la complexité de sens que l’on apprécie tant dans son travail. Il vient d’ailleurs de recevoir le prestigieux Prix à la création artistique du Conseil des arts et des lettres du Québec pour la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Le Centre national d’exposition avait invité Carol Dallaire à créer sur le thème de la montagne. Depuis le 14 novembre, l’artiste poursuivait une résidence au musée qui coiffe le mont Jacob. (Malheureusement, le CNE fermera ses portes jusqu’au 30 janvier pour des réparations inattendues dans la structure des locaux. Surveillez sa réouverture pour avoir la chance d’acquérir une oeuvre de Carol Dallaire à prix d’ami lors d’un événement vente-débarras.) L’artiste a abordé sa résidence à sa manière: "Ça ne m’intéressait pas de faire des montagnes pour faire des montagnes. J’ai décidé de les suggérer plutôt que de les représenter. Et là, mon cerveau a fait comme il fait d’habitude: il a disjoncté!" Il précise: "Pendant six mois, ma maison a été un enfer total, jusqu’au moment où ça s’est synthétisé et où sont apparues les lignes directrices." Le résultat comprend 24 micro-scénographies qui apparaissent comme un excentrique journal de voyage en trois dimensions. Dans chaque mise en scène rattachée à un sommet du monde, des figurines nous racontent leurs histoires aussi farfelues que captivantes. On peut également arpenter les murs couverts d’impressions numériques, et laisser grimper les rires qu’elles suscitent, alpinistes sonores. Pour l’artiste, le bonbon, c’est les nombreuses visites scolaires. Celui qui a une longue expérience dans l’enseignement, du primaire jusqu’à l’université, se dit encore renversé par la vivacité d’esprit des enfants et leur façon de comprendre ses oeuvres.
Ceux qui ont connu l’émission Robin et Stella, diffusée au Canal Famille dans les années 90, se souviendront du sac à main de la belle-mère de Stella, semblable à celui de Mary Poppins. Cet objet pratique avait la particularité de pouvoir contenir une quantité illimitée de choses. La table de travail de Carol Dallaire semble fonctionner à peu près de la même manière. Durant l’entrevue, il y a étalé un nombre étonnant de projets en cours. "Tout commence toujours par des dessins", constate-t-il en montrant post-it, feuilles et livrets couverts d’encre multicolore. On peut donc avoir l’assurance que Carol Dallaire n’a pas fait son dernier trait.
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